Enfin du nouveau!

Le Dr Alain Meunier réagit à l’article du Professeur Gorwood :

L’anorexie : le plaisir de maigrir plutôt que la peur de prendre de grossir (Résumé ici : INSERM – Gorwood)

 

Enfin du nouveau

L’intérêt, et la nouveauté, de cette expérience, est de posséder un mode opératoire permettant de juger, voire de quantifier les réactions des anorexiques face à des images de grosseur ou de minceur.

L’observation clinique avait déjà fait la preuve que les patientes sont plus dans un désir de minceur que dans une peur de prendre du poids.

Elles se comparent dans la rue et leurs regards sont attirés par celles qui sont plus minces qu’elles et non plus grosses.

Par exemple, les images des sites Pro Ana viennent  toujours dans le sens du « moins que moi ».

Elles n’ont aucune appréhension, aucun rejet par rapport aux personnes présentant du poids et on ne devient pas anorexique parce que son père est obèse ou que sa petite sœur est en surpoids.

Par contre elles se jugent toujours beaucoup plus grosses que celles qui ont le même poids qu’elles car leur regard est altéré par la déformation de leur propre image corporelle. Elles se jugent toujours beaucoup plus grosses en regardant leur propre silhouette précédemment dessinée sur un mur.

 

Le problème n’est pas ce qu’elles regardent mais d’où elles regardent.

Ces expériences partent donc d’un présupposé qui ne peut être ignoré : on devient anorexique par imitation d’une image extérieure. On ne fait ici que substituer « l’image de la minceur » à  » l’image du poids », d’une représentation extérieure à une autre.

L’expérience nous dit qu’on ne devient pas anorexique parce que sa mère l’est ou parce que son idole favorite fait du 34 : c’est une légende urbaine qu’il faut absolument combattre.

D’ailleurs, mes patientes ont  très mal réagi à la loi visant à stigmatiser les mannequins car cela laissait supposer qu’en limitant les images extérieures de minceur on  pouvait régler la souffrance  qu’elles vivent. « Ils ne comprennent décidément rien à notre problème !»

 

L’anorexie semble tout au contraire un trouble de l’image de soi. 

Des expériences en 3D où l’anorexique est confrontée à son hologramme le montre bien. Les anorexiques sont dans l’impossibilité de saisir leur hologramme car la représentation psychique qu’elles ont d’elles-mêmes dépasse largement la réalité de leurs mensurations. L’impossible rencontre, ainsi  matérialisée, est douloureuse.

L’expérience pratique des Psychomotriciennes et les exercices visant à mesurer les troubles de l’image corporelle sont autant de preuves.

 

Le plaisir de lire cet article est sans doute lié,  au-delà des hypothèses génétiques, car nous savons que « tout peut-être génétique », à  la reconnaissance de l’innocuité des médicaments et surtout à l’introduction de méthodes telle que la pleine conscience.

Il serait  effectivement  intéressant d’ouvrir cette pathologie aux nouveaux modes de recherche et d’investigation telles les IRM fonctionnelles et toutes les solutions qu’ouvrent aujourd’hui les neurosciences.

Dans notre pratique, par exemple, nous avons introduit depuis plusieurs années des stimulations magnétiques transcrâniennes dans le cadre d’une trajectoire de soins comportant l’apprentissage de l’auto hypnose, la pleine conscience, la psychomotricité, la remédiation cognitive et les différentes approches habituellement pratiquées.

 

Ces nouveaux axes de traitement devraient permettre, dans la pratique, de changer radicalement les modes de prise en charge hospitalière de cette pathologie, de rompre avec les contrats de poids, de ne plus contrarier le symptôme mais au contraire, de l’adouber pour le faire évoluer et de substituer les hospitalisations strictes à des prises en charge ambulatoires ou d’autres modes d’accompagnement de jour.

 

Dr Alain Meunier

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