Archives de catégorie : Questions courantes

Douleurs abdominales et TCA

Le ventre est souvent source de douleur sinon de gêne ou d’inconfort dans les troubles des conduites alimentaires. Or avoir mal n’aide pas à se réconcilier avec son corps, ni à se connecter à ses sensations corporelles, encore moins à changer ses habitudes alimentaires…

À quoi ressemblent ces douleurs et autres sensations désagréables ?

Cela peut ressembler à  des crampes, des ballonnements, des tiraillements, des sensations de “petites bulles”, de brûlures… La gêne peut être issue de la constipation, diarrhée ou de reflux gastrique…

D’où viennent ces troubles et douleurs ? Comment s’explique cette gêne souvent permanente ?

  •  un manque d’énergie qui ralentit le transit
  •  un stress qui induit des sécrétions hormonales ralentissant le transit
  •  des émotions qui se traduisent par des crispations musculaires affectant les organes digestifs
  •  des vomissements répétés conduisant à une inflammation des tissus
  •  toute cause ? (stress, vomissement, malformation . ..) induisant une hypotonie ou une hypertonie musculaire et donc un dysfonctionnement de la porte de l’estomac (le cardia)

Comment y remédier ?

Par des postures de yoga, notamment torsions, des étirements, un massage chinois du ventre, des automassages, de la réflexologie palmaire ou plantaire, des séances de kinésithérapie Maizieres ou d’ostéopathe, de la relaxation, un travail sur les chaînes musculaires…

Pour en savoir un peu plus, une lecture intéressante : Le charme discret de l’intestin – Giulia Enders

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Ci dessous une explication détaillée par le professeur Rigaud

« Le tube digestif est sous contrôle étroit du cerveau.

Les émotions, le stress, la peur, l’anxiété et la dépression modifient le fonctionnement du tube digestif.

Les aliments progressent dans le tube digestif grâce aux « ondes de contractions propagées ». C’est comme une vague qui balaie de haut en bas le tube digestif, depuis l’estomac jusqu’au colon : le muscle se contracte puis se relâche et l’onde contractile se propage vers l’aval. Chaque onde nait au niveau de l’estomac, passe le pylore et se poursuit sur l’intestin grêle, puis passe dans le colon qu’elle balaie sur ses trois quarts environ. Ce sont ces ondes, qui se répètent 2 à 3 fois par minute, qui poussent le contenu du tube digestif (donc les aliments) vers l’extrémité distale du tube digestif.

Chaque onde contractile est précédée et suivie d’une relaxation (figure 1).

Ces ondes sont générées de façon autonome par le tube digestif, mais sont aussi sous contrôle du cerveau.

La dépression ralentit la vidange gastrique et la propagation des aliments, notamment dans le gros intestin.

 L’anxiété chronique, quant à elle, stimule la motricité gastrique et intestinale, jusqu’au colon gauche. En revanche, elle inhibe la motricité rectale et l’évacuation des selles. L’anxiété produit donc soit de la diarrhée, soit une alternance diarrhée-constipation.

Un stress aigu déclenche une puissante onde contractile colique qui peut conduire à une diarrhée.

La dénutrition : L’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le colon sont pourvus de deux couches musculaires qui assurent la propagation des aliments.

La dénutrition conduit à ce que l’organisme prenne des protéines là où il en trouve, en particulier le tube digestif. La masse musculaire digestive fond. De plus, le muscle a besoin d’énergie pour fonctionner. Comme il n’est pas prioritaire, il en reçoit moins puisque la patiente mange très peu. Ce manque d’énergie induit un dysfonctionnement : les muscles digestifs se contractent moins bien et poussent moins fort le bol alimentaire et, au niveau du colon, les selles.

Ralentissement de la vidange gastrique : La vidange gastrique est ralentie chez au moins un tiers des patients. Ce défaut de vidange est corrigé par la renutrition. Il explique la sensation d’avoir « du mal à digérer », la sensation de plénitude au début du repas suivant, les nausées et la tension sus-ombilicale ressenties.

Diminution de fréquence et de puissance des ondes contractiles sur l’intestin grêle : On observe ceci chez 15-20 % des patients. C’est ça qui explique les ballonnements et l’inconfort après les repas.

Diminution de fréquence et de puissance de la contraction colique : Ceci touche les deux tiers des patients, induisant ballonnements, tension sous-costale et constipation. Les autres mécanismes de la constipation sont :

Une alimentation réduite, des boissons souvent insuffisantes, une alimentation très pauvre en matières grasses : les lipides en effet stimulent les contractions coliques et « lubrifient » les selles.

Blanche Augarde-Dollé

Psychomotricienne

L’enfer de noël avec des troubles alimentaires

Noël, moment censé être magique, où le temps s’arrête, où les gens se retrouvent et partagent. Pourtant pour les patients souffrant de trouble des conduites alimentaires, cette période est un vrai calvaire, un mélange d’imprévus, de peur de ne pouvoir compenser tous ces aliments interdits, de tentations pouvant provoquer des dérapages, activant le mode bien connu pour certains du « c’est fichu, j’ai craqué ».

Encore une fois, il va falloir trouver la force pour surmonter cette période. On ne se rend pas compte, mais lors de toutes ces occasions qui en général sont source de plaisir, les patients vivent l’inverse à l’intérieur d’eux-mêmes. Et pourtant, ils seront là, à table pour la majorité, à tenter de lutter contre leur maladie, en silence. Résister. Résister à quoi ? A la faim, à la fatigue, aux doutes, aux envies. Passer outre les réflexions qui blessent, qui peuvent provoquer un sentiment de culpabilité mélanger à de la colère : « oui j’ai encore maigri, mais si vous saviez quel enfer c’est. Il ne suffit pas de manger pour en sortir. Rien que d’être ici avec vous c’est déjà une victoire pour moi …»

Au lieu de voir les choses sous l’angle positif et magique de Noël, c’est une montagne de soucis qui s’installe : « je ne sais pas ce qu’il y aura », « je n’ai pas envie d’imposer mon anorexie aux autres », « je n’ai pas envie que ça se voit », « je serai obligée de me faire vomir mais pas sûre de pouvoir le faire », « personne ne le sait », « je ne vais quand même pas amener mon repas », « si je prends de l’alcool je vais avoir envie de tout manger », « les repas n’en finissent pas et je reste assis si longtemps, ça m’angoisse »… Avec tous ces questionnements et doutes, il est difficile de pouvoir être simplement là, disponible pour discuter, tout en mangeant.

Alors comment amener un peu de calme dans cette tempête intérieure ? En mettant en place quelques petites choses et surtout en gardant bien en tête qu’il est impossible, lorsqu’on souffre d’un trouble alimentaire, de manger comme tout le monde…

Quelques pistes :

  • Récupérer un maximum d’information sur le planning des repas : combien de repas, chez qui, avec qui, quel est le menu etc. Plus la personne aura d’informations, plus elle sera rassurée et pourra se projeter.
  • Ensuite, y a-t-il une personne de confiance sur place vers qui se tourner en cas de doute et d’angoisse montante ? Si non, il est intéressant de trouver cette personne ressource, celle qui pourra avec quelques mots nous dire que ça va aller, et que si besoin on peut faire autrement. Peut-être se mettre à côté d’elle à table ?
  • Il va falloir se positionner face à l’entourage : est-ce que les gens sont au courant, et si non, est-ce que j’en parle ou pas ? Le dire peut être parfois difficile au départ, mais permet ensuite d’éviter les fameuses réflexions maladroites au moment du repas « ressers-toi », « tu n’as presque rien mangé », « tu fais encore la difficile » …En gros, ça peut permettre d’avoir un peu la paix ! Et ça, ça peut être sympa 😉
  • En fonction du stade où on la personne en est, il est parfois utile d’amener son repas. Cela paraît fou de ne pas profiter de ce qu’il y a sur place, mais les angoisses vécues peuvent être tellement fortes qu’il est préférable d’avoir sa routine alimentaire. Dans ce cas, l’objectif principal est à revoir, c’est le fait d’être ensemble, et le repas passe au second plan. Il y aura d’autres Noël, le prochain sera plus facile !
  • Noël est une fois par an, sur une courte période. Passer complètement à côté peut être rassurant, mais peut aussi selon les personnes créer de la frustration. Petit à petit, la privation risque d’amener des envies de manger vécues comme incontrôlables. Pour éviter de se retrouver avec cette perte de contrôle, il est possible de s’autoriser des petites choses. Pourquoi l’anorexie aurait le dernier mot tout le temps ? N’est-ce pas normal, à cette période, d’avoir l’envie de goûter quelque chose ? Si je gère 95%, j’ai le droit d’avoir 5% de nouveauté, en le prévoyant à l’avance. Cela peut être par exemple de partager une petite part de bûche, ou bien de goûter une verrine à l’apéritif, s’octroyer un chocolat. N’oublions pas que le plaisir alimentaire est un régulateur émotionnel. Si la culpabilité arrive, il suffit d’observer tout ce qu’il y avait à table, tout ce que les gens ont mangé et bu, pour voir que ce petit plaisir accordé est en fait un contrôle incroyable que peu de personnes sont capables de faire !
  • Activer le mode « dégustation ». Afin d’avoir la sensation de garder le contrôle et sans trop se priver, il est intéressant de déguster : petite quantité, en faisant appel à ses sens. Observer l’aliment avant de le goûter, d’abord le sentir, puis prendre une première bouchée et simplement observer sa texture en bouche, quel goût vient en premier, quand est-ce qu’on en a mangé la dernière fois ? En prenant un peu plus le temps, on se nourrit avec ses autres sens, avec peu de calories !!
  • Et puis, s’il y a des choses prises qui n’étaient pas prévues initialement, cela peut être normal. Rappelons-nous qu’il y a une partie extrêmement dure qui, si on l’écoutait, nous demanderait de ne rien toucher. Ca n’est en aucun cas une perte de contrôle mais bien une adaptation à la situation actuelle. Et que va voir l’entourage ? Que les choses peuvent changer ! Ce partage d’émotions est tellement précieux qu’il peut aussi servir à balayer la culpabilité pour laisser place à l’espoir !
  • Pour finir, il est important pour la personne de respecter là où elle en est et quelles sont ses possibilités. Eviter de se mettre trop en difficultés, redéfinir son objectif qui est de passer ces moments-là du « mieux » possible », amener sa propre alimentation si besoin, en parler ou pas, mais surtout, prendre soin de ses peurs pour pouvoir être présent physiquement mais surtout mentalement disponible afin de partager avec ses proches.

Julie Basset, Diététicienne-Nutritionniste

L’image du corps altérée lors de Trouble du Comportement Alimentaire

 

  • Perception du corps altérée

La perception du corps est altérée. On parle de dysmorphophobie lorsque l’image du corps d’une personne n’est pas représentative de l’image réelle. La personne se sent et se voit en surpoids amplifiant le poids qu’elle a par le biais de sensations décalées avec la réalité et par des affects négatifs, voyant plus de graisse qu’il n’y en a vraiment ».

Nous souffrons tous des petites imagecorpsalteréealtérations de notre image du corps. Par exemple, lorsqu’une personne voit un bouton sur son visage, elle ne verra plus que cela et va même avoir une vision amplifiée de celui-ci, persuadée que tout le monde ne verra plus que cela.

Chez la personne souffrant de TCA, l’altération de l’image du corps est beaucoup plus importante que cela. Cette vision altérée de soi peut fluctuer. La psychomotricité intervient en invitant la personne à se reconnecter à ses perceptions. Les expériences corporelles favorisant de nouveaux ressentis, le patient va se forger une image du corps plus en adéquation avec la réalité de son corps.

 

  • Se couper de ses sensations

De même nous pouvons voir que la personne présentant des TCA se coupe généralement de ses sensations et de ses émotions. On peut noter que lorsque la personne essaye de se couper de toutes ses sensations, le corps prend une autre voie pour communiquer : les maladies psychosomatiques (infection urinaire, douleur dans le dos etc.). La psychomotricité propose alors une base d’éprouvés corporels, reconnectant progressivement la personne aux informations que son corps lui amène, amenant ainsi une amélioration globale de l’image du corps.

 

  • Image du corps et affects

Dans les troubles du comportement alimentaire (TCA), on retrouve systématiquement une image du corps très négative, avec des affects négatifs tels que le dégoût, la honte, l’antipathie pour soi etc.

La psychomotricité va alors inviter la personne à se reconnecter à ses éprouvés corporels, lors d’expériences agréables et les associer à des représentations positives, amenant ainsi une amélioration globale de l’image du corps.

 

Elisa Bessellere,

Psychomotricienne à Sos Anor

 

Corps et image du corps

imagesrelation corps_espritDans les Troubles du Comportement Alimentaire, on fait souvent référence à la problématique du corps et de l’image du corps mais de quoi s’agit-il ?

Que représentent le corps propre et l’image du corps ?Comment se construit la perception de son propre corps ? Comment mène-t-elle à la perception de soi, à la conscience de soi ?Quelques réponses en quelques lignes :

 

Quand on parle du corps…

On parle de « corps propre », c’est-à-dire sa propre matière physique mais aussi « ce que je ressens, dans mon corps et à propos de lui », de façon presque double, à la fois un ressenti de l’intérieur et une vision de l’extérieur, de façon quelque peu dissociée…

C’est l’expérience du mouvement du corps dans l’espace qui unifie ce double ressenti… ce depuis l’enfance.

En fait, la première image du corps se forme avec les premiers mouvements …

Dès les premiers mois, l’enfant découvre le monde par le mouvement : ce sont les expériences motrices qui lui Image du corpspermettent d’appréhender son corps, ses possibilités de mouvement, l’espace autour de lui, les objets et l’autre.

C’est ainsi qu’il prend conscience de lui-même, qu’il se forme sa première « image » de lui-même, par la motricité. Ainsi, son « intelligence », son psychisme, se développent par le mouvement c’est pourquoi on qualifie le développement de psychomoteur.

Le tout-petit se regarde avec intérêt, dans le miroir et met plusieurs mois à comprendre que c’est son image, son corps qu’il voit.

Comment passe-t-on des expériences, du vécu corporel (postures, mouvements, sensations…) à l’image du corps ?

« Le vécu corporel appartient au monde de la sensation alors que l‘image du corps appartient au monde de la perception. » P. André – T. Benavidès – F. Giromini

C’est à partir des sensations (des différents canaux sensoriels), du vécu corporel (expériences motrices du tout-petit enfant, enfant puis adulte…) que s’élabore l’image du corps. L’image du corps est faite de ces sensations selon la manière dont elles sont perçues et de la charge émotionnelle et affective associée à ce vécu.

 

Un vécu corporel des expériences motrices La perception du vécu corporel des expériences motrices

Sous le regard de l’autre

Postures

Mouvements

Sensations

Avec des émotions : plaisir, peur…
De différentes manières : sécurisantes, mises en danger…
Avec une charge affective

En relation avec quelqu’un de proche : bienveillant, malveillant

==>> Ainsi, une image de son corps se dessine peu à peu

En effet, mouvement, émotion, relation et image du corps vont de pair.

L’expérience motrice est « toujours liée directement ou non à une expérience émotionnelle, imposée par une relation à autrui. » Michel Bernard

Mouvement, émotion & relation sont étroitement liés.

La construction de l’image du corps, étape de l’image de soi, passe par cette motricité empreinte d’émotion.

Quelques définitions

Un premier niveau de représentation de notre corps est le schéma corporel. On peut le définir comme

– la « cartographie » que nous construisons par les expériences de la forme de notre corps et de nos capacités de mouvement dans l’espace,

– «  l’image tridimensionnelle que chacun a de soi-même qui s’organise grâce aux liens entre la perception et l’action » ( Schilder ).

L’image du corps peut se définir comme «  la façon dont notre corps nous apparaît à nous-mêmes » Schilder

« L’image du corps est l’idée, en perpétuel remaniement, que chacun se fait de son corps ; elle traduit ce que nous percevons à chaque moment et dans la relation aux autres , des qualités de notre corps.

L’image du corps est une représentation imaginaire, et qui reflète à la fois et en même temps le vécu passé le plus lointain aussi bien que l’actuel. « C. Pavot (2008)

Lien avec l’image de soi

L’image du corps peut également être assimilée à la représentation de soi, c’est-à-dire au « corps qui médiatise la relation à l’autre et agit comme le passage entre le dedans et le dehors, entre le Moi et les autres ».M. Guiose / A. Sanglade

Des ouvrages pour aller plus loin

Le corps, Michel Bernard– Le corps par Michel Bernard parcourt l’histoire de ces quelques notions

– L’image inconsciente du corps de F. DoltoL'image incinsciente du corps-Dolto

« L’image du corps est propre à chacun, liée au sujet et à son histoire ; elle est «  la synthèse vivante de nos expériences relationnelles… « .

 

 

Blanche Augarde-Dollé, Psychomotricienne

 

Les troubles de la perception du corps : petite explication

Voici un article très intéressant pour vous aider à mieux comprendre le décalage entre la perception de son corps et la réalité de celui-ci :

article : Les troubles de la perception du corps

 

 

 

Notre système sensoriel ne se résume pas aux 5 sens couramment évoqués (le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue, le toucher) ; notre corps enregistre également d’autres informations sensorielles comme celles liées à la position et au mouvement de notre corps dans l’espace (sens kinesthésique, sens vestibulaire) ou comme celles issues de l’intérieur du corps (viscéroception, sensation de faim..). Cet article décrit l’un de ces sens : la conscience de l’état interne de son corps ou « l’intéroception ». D’après des études scientifiques récentes, un dysfonctionnement de ce sens pourrait induire un trouble de l’image du corps, une hypersensibilité au regard d’autrui, et ainsi contribuer au développement d’un trouble du comportement alimentaire.

Si des défaillances sensorielles entravent l’élaboration de l’image du corps, des pratiques corporelles stimulant les sens, comme celles de conscience corporelle, vont améliorer la perception du corps et, comme le suggère cet article, l’image du corps ! On peut notamment s’appuyer sur la notion de plasticité cérébrale : le cerveau va développer une zone qui sera souvent stimulée, entraînée. Stimuler l’écoute des perceptions sensorielles pourrait donc aider à améliorer la perception et l’image du corps.

Alors en avant pour tout ce qui aide à ressentir son corps en y prêtant une attention juste, que ce soit par le yoga, le Tai Chi Chuan, les techniques de gymnastique holistique… Ce travail sensoriel s’inscrit naturellement dans le cadre de la thérapie psychomotrice, pour guider, accompagner de façon individuelle, sur ce chemin vers la guérison.

 

Blanche Augarde-Dollé

Psychomotricienne

Comment l’anorexie mentale évolue-t-elle?

Certains spécialistes des troubles du comportement alimentaire ont tenté de répondre à cette vaste question en distinguant quatre stades typiques et consécutifs au cours de l’évolution de cette maladie :

  1. La phase du  régime : c’est dans un contexte d’insatisfaction corporelle et relationnelle ou suite àregime un évènement potentiellement traumatique (un accident, un deuil, etc.) ou bien encore un élément de la vie ordinaire (une remarque déplacée, un départ en vacances…) que l’anorexique va démarrer sa lutte contre la sensation de faim. Mais attention, nombreux sont les gens qui se préoccupent de leur silhouette et suivent des régimes amincissants, rares sont ceux qui deviendront anorexiques!
  1. La phase lune de miel: à cette période de souffrance succède une phase d’exaltation. L’anorexique perd du poids et ses efforts pour y parvenir deviennent de moins en moins coûteux. Son amaigrissement vient attester son pouvoir sur elle-même: la jeune fille (c’est le cas le lune de mielplus fréquent) a le sentiment de contrôler un corps, des sensations et des émotions qui autrefois lui échappaient. Le jeûne lui procure du plaisir, un sentiment de légèreté et de vitalité. Il est à l’origine d’un regain de moral et d’activités qu’elles soient physiques ou intellectuelles. Au cours de cette phase, l’anorexique ne perçoit que les bénéfices de la maladie.
  2. La phase d’état: à cette rapide et agréable perte de poids, succède inévitablement tôt ou tard une stagnation. Le poids de l’anorexique ne baisse plus malgré ses efforts de plus en plus conséquents pour y parvenir. Les obsessions alimentaires s’intensifient au détriment d’autres centres d’intérêts, les crises de boulimie entrent alors parfois en scène. La fatigue physique et psychique se fait par ailleurs sentir. L’entourage peut alors manifester son inquiétude, exprimer sa désapprobation voire entrer en conflit avec la jeune fille. Bien que n’y trouvant plus véritablement son compte, l’anorexique n’est pourtant pas encore tout à fait prête à se désavouer en renonçant à son combat.
  3. La reprise de poids: elle peut être le fruit d’une décision personnelle suite à un déclic salvateur, ou bien d’une nécessité imposée par l’entourage voire par le corps médical, ou encore de la conséquence des crises de boulimie. Quoiqu’il en soit, cette reprise de poids engendre une profonde souffrance psychique car la peur de grossir persiste. Trois voies s’offrent alors à la jeune fille : la rechute, la chronicité mais aussi la guérison, qui reste facilitée par une aide extérieure.

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« Il existe autant d’anorexies que d’anorexiques. »

L’anorexique décline certes généralement l’ensemble de ce tableau mais la durée (qui s’étend bien souvent sur plusieurs années), la gravité et l’expression de ces phases sont diversifiées et à individualiser.

N’hésitez pas à réagir à cet article! Qu’en avez-vous pensé ? Etes-vous parvenu(e) à identifier le stade auquel vous ou votre proche se situe ?

Chloé Chahbenderian et Dr Alain Meunier

Conséquences des TCA

Vous êtes passée par la trajectoire TCA, faites attention :

Une anorexique de 23 ans à un mental de 13 ans et un corps de 43 ans…

Une analyse sanguine peut aider le médecin à déceler une perturbation, mais une bonne prise de sang ne prouve en aucun cas que vous êtes en bonne santé.

Votre cœur : L’arrêt cardiaque après une hypocaliemie est la première cause de mortalité dans les TCA. Le potassium est un sel impliqué dans la conduction nerveuse, en particulier au niveau de votre cœur. Tout vos comportements favorisent sa carence : la potomanie (trop boire), votre alimentation (ne pas en absorber), vos troubles, en particulier les vomissements. Une hypocaliemie se fabrique en quelques heures. La prise de difukat, ce n’est qu’un sel est cela ne fait pas grossir, et suffit à éviter l’arrêt cardiaque Uelque soit votre poids.

 

Vous n’êtes plus aussi performante au travail? Par votre déséquilibre alimentaire, votre cerveau n’a plus suffisamment de carburant pour fonctionner correctement. Vos capacités cognitives sont alors altérées. Cela engendre des difficultés de mémorisation, de concentration, d’attention… Rassurez-vous, vous récupérerez vos moyens au fur et à mesure de la trajectoire de soin.

 

 

Vos dents, pas si belles que ça? L’équilibre acido-basique de votre bouche est altéré même si vous ne vomissez pas. L’émail de vos dents va fondre et votre bouche peut se détériorer brutalement. Si vous vomissez, la détérioration s’accélèrera. Vos dents peuvent se déchausser, devenir jaunes…

 

Vos cheveux partent? Votre brosse ne ment pas, vous perdez vos cheveux. Ils partent par poignée, se ternissent…À croire qu’ils se nourrissent de protéines et que vous n’en mangez pas assez. Dès que vous retrouverez un équilibre alimentaire, vos cheveux pourront alors retrouver une nouvelle jeunesse et ne plus être source de problème.

 

Tiens, ils se dédoublent! Quelque soit la manucure que vous faites, quelque soit lesuper produit que vous mettez dessus… Vos ongles, comme vos cheveux se divisent en deux, ils ont besoin, eux aussi de protéines.

 

Une nouvelle pilosité apparaît? Elle est liée au « repos endocrinien » dans lequel vous avez mis votre corps.

L’aménorrhée primaire ou secondaire (absence de règles), suivant que vous avez déjà eu des règles, constitue sans doute le signe physique le plus précoce des TCA. Il ne dépend pas seulement du poids, mais surtout de votre équilibre alimentaire. Contrairement à ce qui est souvent dit pour vous faire peur, vos cycles normaux reprendront et votre espoir de faire des enfants reste intacte.

 

Vos os sont fragilisés. On vous a sûrement fait au tant de votre restriction une tomodensitométrie osseuse http://www.coloriages.fr/coloriages/coloriage-squelette-halloween.jpg(calcification). En avez vous la trace? De toute façon, cette restriction n’a pas pu être sans conséquences au niveau de vos os. Pensez y en particulier au moment de votre accouchement, votre bébé risque de prélever du calcium sur vos vertèbres, surtout si votre alimentation n’est toujours pas équilibrée. Attention au sport à fort impact ou les contraintes sont importantes.

 

Un peu froid au main peut être? La veste de votre ami ne suffit plus à vous réchauffer? Le syndrome de Reynaud. Le corps privilégié naturellement toutes les parties vitales. Les extrémités sont donc les premières victimes de cette sélection naturelle qui va envoyer « ce qui reste » du glucose (carburant) vers le cerveau, le cœur, les entrailles.

Des vertiges vous empêchent d’être actives? Un signe tardif, mais qui vous suivra tout au long de vos TCA… Au niveau de la glycémie, le carburant du corps, l’anorexie une vit toujours sur le fil du rasoir. Ses réserves sont épuisées par l’absence de nourriture, mais aussi par l’hyperactivité, vomisseuse elle fait plusieurs fois par jour un exercice très lourd sur le plan calorique. C’est donc à l’occasion d’un effort de trop qu’elle perdrait connaissance… Il existe des perdre de conscience beaucoup plus graves. Certaines anorexiques se carence en eau comme elle le font de la nourriture. Il s’agit alors d’un collapsus pouvant entraîner un arrêt cardiaque.

Votre peau n’est plus la même? Elle est le miroir de votre fonctionnement intérieur. Toute carence, tout excès, en porte les marques. En plus d’une accentuation de vos défauts génétiques, vous avez aussi la peau sèche, vous pelez, vous prenez des coups de soleil, vous avez de l’acné, un sébum particulier.

 

La grossesse. Faire des enfants vous fait peur, normal. Comment mettre un enfant dans ce corps que vous ignorez, pour ne rien dire de la déformation qui vous fait peur? La nature est bien faite, vous n’aurez de mauvaises sensations que dans les premières semaines, voire les premiers mois. Dès que vous sentirez l’enfant, votre angoisse disparaîtra, vous percevrez alors que c’est un autre en vous, cet enfant que vous attendant. Les modifications hormonales changent le climat et votre psychisme est prêt à admettre toutes les transformations.

 

 

Allaiter ou non? Si malgré votre déséquilibre alimentaire, le fœtus peut ne pas souffrir. Par contre, au niveau de l’allaitement, il vous faudra renoncer, car votre lait est de mauvaise qualité. Donc guérir avant d’être enceinte est une question que vous devez vous poser. Et même si la grossesse peut parfois atténuer la symptomatologie, voire la faire taire,  sachez de toute façon que c’est neuf mois ne sont pas un médicament, et que pour différent qu’il soit, ce moment n’est qu’un interlude dans vos troubles alimentaires.

 

Aude Réhault, Alain Meunier

Source : Sos Anor