Tous les articles par Aude REHAULT

Minceur : la norme en France!

Une enquête internationale de L’Ined (Institut National d’Etudes Démographiques) de Delphine Robineau et Thibaut de Saint Pol analyse les variations des idéaux corporels selon les sexes et entre les pays.

Près de 20 000 personnes ont été interrogées dans 13 pays de 4 continents. Nous reprendrons ici que ce qui concerne notre chère France. Cliquez ici corps idéal pour  lire l’article si vous souhaitez en savoir plus.

 

Les idéaux de minceur diffèrent selon le sexe. En France, la minceur est plus valorisée pour les femmes que pour les hommes. Vos petits bourrelets qui dépassent sont acceptés si vous êtes un homme, mais si vous êtes une femme, vous ne passez pas. Et pour la minceur, si vous êtes un homme, planquez vous, gavez vous, on vous préfère avec du poids. Quant à la femme, vous pouvez respirer, on ne vous lapidera pas cette fois, vous êtes même majoritairement acceptée! Heureusement pour nous, nous n’aimons pas les extrêmes. Les modalités extrêmes des échelles de l’étude (« très corpulent » et « très mince ») sont marginales pour les deux sexes.

Les chiffres : 37% des personnes interrogées préfèrent la minceur chez un homme, contre 53% chez une femme. La corpulence chez un homme est appréciée par 62% des personnes interrogées.

Différence entre le corps idéal et le corps réel. S’il en existe une, ceci est une source potentielle d’insatisfaction et donc de souffrance.

Du côté des hommes, il y a cohérence. L’idéal masculin est plutôt corpulent avec une corpulence moyenne élevée. Jusqu’ici tout va bien… Mais la femme française suit son amie sud coréenne dans une volonté insatiable de maigrir, alors que notre IMC est le 3ème plus faible sur ces 13 pays… Vous avez dit pression? Et oui, nous obtenons 6/10 à ce score irréprochable dans la volonté de perdre du poids… En avant les régimes en tout genre, 6 femmes sur 10 cherche THE best one!

Résultats : Notre chère France préfère mettre sous pression ses femmes plutôt que ses hommes.

Le lien avec les TCA? Les causes multiples : biologique, psychologique et sociale. Disons qu’avec des normes corporelles pareilles, nous pouvons commencer à imaginer que nous avons peut être des obsessions corporelles qui peuvent être engendrées et  véhiculées par la société. Cela ne suffit pas pour « devenir anorexique ou boulimique », mais il y a peut être une influence. Connaître le nombre de personnes souffrant de troubles alimentaires dans ces pays seraient intéressant à découvrir… (sachant qu’en France, l’anorexie toucherait 30 000 à 40 000 personnes et la boulimie 225 000).

« Lorsque l’on demande aux gens pourquoi ils font un régime, ils avancent des raisons de santé, mais lorsque l’on creuse un peu, on se rend compte qu’il s’agit aussi d’une question d’apparence. Il y a 100 ans en France, on valorisait une corpulence plus élevée, car c’était un marqueur de richesse. Aujourd’hui, être mince est un atout professionnel, elles sont mieux payées et se retrouvent moins au chômage ». Thibaut de Saint Pol

Aude Réhault

Nouveau : les journées thérapeutiques

Se soigner pour  » vivre  » et non vivre pour se soigner

Votre temps est rare et le principe même des soins en ville est de protéger votre vie, que vous soyez étudiante, au travail ou mère de famille. Il devenait nécessaire de préserver l’espace que vous vous êtiez créé, de vous rendre celui que la maladie vous avait pris et enfin, vous donner du temps pour la « vraie vie », celle qui en permanence vous échappe, celle qui nous importe vraiment, bien au-delà des problèmes alimentaires.

Alors comment obtenir le maximum d’efficacité  dans le minimum de temps?
C’est la demande qui nous a toujours été faite. Vous aviez raison, la trajectoire de soins que nous proposions était devenue très chronophage pour nombre d’entre vous.
Mais comment éviter l’errance thérapeutique et préserver les principes évidents qui ont fait le succès de nombre de nos patientes? La multiplication des compétences médicales et la synergie qui les rendent si efficaces?

Voilà  une réponse, vous conviendra-t-elle ?

Les différents intervenants se sont organisés pour mettre à votre disposition des journées, voire des week-ends thérapeutiques avec de la pleine conscience, de l’auto-hypnose, et un groupe de parole. L’idée?

  • Vous faire acquérir et vous mettre en main différents outils thérapeutiques assurant votre autonomie dans les soins.
  • Vous soigner bien sûr, vous faire avancer sûrement, mais plus encore à vous apprendre à vous passer de nous.

Les médecins et les thérapeutes sont là une journée ou un week-end mais l’anorexie, les boulimies, les vomissements, le mental anorexique, sont présents en permanence.

 

« Dans une fête je suis toujours spectatrice, je ne vis rien! »

La méditation vous permettra de réinvestir les instants heureux d’être dans le présent, dans la jouissance de l’instant.

« Seule chez moi, je suis envahie de pensées alimentaires, je suis comme un automate, rien ne peut m’arrêter! »

L’auto hypnose vous permettra de reprendre le contrôle sur ses pensées parasites, les mettre de côté et attendre le retour du sauveur.

« Je me sens incomprise même de mes proches…! »

Les groupes de paroles. La première peur est d’être confronté comme dans un miroir à sa maladie ; mais la communauté de la souffrance, être implicitement comprise par quelqu’un qui vit la même chose que vous, viendront vite compenser cette première appréhension.

Intérêts sur le plan thérapeutique

En 4 jours par mois les patientes ont un apprentissage suffisant pour maîtriser les techniques qui leur sont proposées.
Elles peuvent alors participer à des journées complémentaires pour se perfectionner.

Pour plus de renseignement, consultez les nouvelles pages du blog ou contactez-nous par mail : la.note.bleue@hotmail.fr

Le Thigh gape : mode ou maladie?

De nombreux adolescentes ont cette agaçante manie de se passer, en toutes circonstances, la main entre les cuisses, comme pour se rassurer que rien n’a changé, que l’espace entre les cuisses est toujours le même. Ce geste souvent répétitif n’a d’autre but que d’évaluer l’évolution de leur masse graisseuse comme d’autres le font en pinçant vos poignées d’amour devant la glace de la salle de bain. Elles le font lorsqu’elles sont au régime, parfois même quand elles ne le sont pas. Ce geste devient peut être, une mode, un jeu entre elles, un langage, un défi parfois « plus mince que moi tu meurs ».

Vous userez vis-à-vis de cette mode de la patience dont vous faites preuve pour bien d’autres choses. Finalement toutes les adolescents auront un jour ou l’autre la préoccupation de leurs poids et de la transformation de leur corps. C’est inhérent  à la métamorphose de l’adolescent, qui touche tant le corps que l’esprit.

Une question doit cependant germer dans votre esprit : est-elle anorexique ?

Ce rituel de vérification appartient également ou troubles du comportement alimentaire en particulier aux prémices de l’anorexie mentale. Il intervient bien avant que la maladie ne suscite des comportements alimentaires lisibles (restriction visibles, boulimie, vomissements…)  et avant même la perte de poids.
Vous aurez l’habileté de ne pas lui poser la question directement  et de vous référer à notre article qui fait la distinction entre le régime normal de l’adolescence et l’entrée dans l’anorexie restrictive (cliquez ici pour le consulter).

Les troubles du comportement alimentaire se manifestent également par une organisation mentale singulière que  vous trouverez dans le mental anorexique ou Anor Mind. Il donne le diagnostic bien avant que les signes cliniques classiques n’apparaissent (anorexie, amaigrissement, aménorrhée) qui ne sont que des signes tardifs de la maladie.

Ce n’est que fort  de cette conviction que vous pouvez appeler notre numéro  ou un spécialiste de la maladie. L’entrée dans l’anorexie est souvent couvert par le déni chez la patiente, et une révélation trop brutale risque de l’envoyer dans l’enfermement ou la dissimulation, faisant ainsi reculer l’entrée dans une trajectoire thérapeutique.

Alain Meunier et Aude Réhault

Rentrée

Bonjour à tous!

La rentrée commence sur le chapeaux de roues avec un groupe de parole organisé le mardi 17 septembre à 19h pour les familles et l’entourage des personnes souffrant d’anorexie mentale.

Un thème : « Les signes qui doivent inquiéter. »

Les signes de la maladie qui doivent inquiéter à chaque étape : appartition du trouble, évolution , les risques de rechute, et la place de l’entourage.

Cette rencontre fera l’objet d’un reportage dans le cadre d’une émission de télévision, destinée à sensibiliser les familles et proches. Ainsi, si vous le souhaitez vous pourrez témoigner sur votre perception et votre vécu autour de ces problématiques, notamment afin de nous aider dans cette perspective d’information et de sensibilisation.

Si vous souhaitez participer à ce groupe mais que vous ne souhaitez pas être filmé, nous vous garantissons alors l’anonymat.

Le groupe sera animé par Leslie Ananou et le Dr Alain Meunier.

Pour toute inscription, vous pouvez envoyer un mail à :

lanotebleue.entourage@gmail.com

Vacances

Malheureusement, la permanence téléphonique de La Note Bleue est interrompu durant l’été mais reprendra à la rentrée.

En revanche, vous pouvez toujours nous laisser un message sur cette ligne de téléphone (01.43.27.68.62) pour que l’on vous rappelle si vous avez des questions, besoin d’être orienter…
Bonnes Vacances!

Et une envie de bouffer la vie qui creuse

Voici un beau témoignage d’une personne qui souhaite rester anonyme. Merci à « C » de nous avoir livré ses mots si intimes ; cet exercice n’est pas si facile, merci pour son courage…

C’est une histoire d’extrêmes qui se toisent, se plaisent, s’opposent et se confondent. Une histoire de limites, de frontières qui s’entrechoquent avant d’éclater en morceaux pour s’annuler et ne laisser qu’un vaste territoire, avec des possibles à l’infini –comme autant de moyens de se perdre. Parfois on y danse, on s’y sent libre, en pleine maîtrise de chaque instant qui s’y joue, et parfois on s’y épuise, le cœur en éclats, les rêves essoufflés. Ça n’est pas une mode, encore moins un jeu, ça n’est pas futile et surtout pas puéril. Je parle d’une histoire, celle d’une maladie, l’anorexie.

Une partie de ma vie fut occupée à n’être pas là, en place et lieu, à cultiver l’absence à grand renfort de silence, à ternir mon image en espérant au plus fort que l’on se détourne de moi, et qu’à l’usure, on finisse par m’oublier. Et tandis qu’à mon âge la jeunesse à l’entour se consommait tant et plus, je m’écorchais le cœur à tout refuser : l’amour, l’ivresse et la nourriture. Surtout la nourriture. A quoi bon manger ? Je me sentais de trop et je ne voulais rien, sinon le vide, alors c’est mon propre corps que j’avais décidé de consommer du dedans, mes propres sentiments que je voyais se consumer à vau-l’eau de mon repli toujours plus prononcé. Je comptais, triais, me restreignais encore et encore, et au plus mon corps se décharnait, au plus je le sentais vivre et me sentais m’appartenir. Je m’épuisais mais je jurais ainsi être en phase avec moi-même, dans la pleine maîtrise de ce qui me traversait, et surtout de ce qui ne me traversait pas. Je multipliais les excuses pour me détourner du monde, et je courrais après un idéal que je ne reconnaissais même pas dans ce trop plein informe. En réalité, je courrais après le rien, parce que je voulais tout, plus fort, plus loin.

 

Mais alors que je me prêchais un contrôle poussé à l’extrême et que je voulais la paix, tout autour nourrissait mon combat intérieur. Vous me conviez à votre table, j’y venais parfois, contemplais les plats défiler, comme des saisons complices, et je sentais les saveurs affleurer dans ma poitrine, séduisantes ou repoussantes. Je jouissais de n’y prêter qu’une maigre attention à peine assumée, même si à la vérité, tout en moi me hurlait d’y plonger et de m’y noyer dans un ultime abandon. Mais à ces heures d’affrontement, je n’entendais ni vos cris, ni vos prières ; toutes vos tentatives de me faire entendre (votre) raison venaient s’échouer aux quatre coins de mon indifférence. Et l’art de vous faire détourner vos yeux de mon assiette supplantait bien souvent celui de vous tenir tête pour ne rien avaler. Je n’ai pas pris le temps de vous expliquer cette euphorie, ce soudain jaillissement d’adrénaline qui irradiait mon corps en ne me nourrissant que trop peu, pas plus que je n’ai pris celui de vous préserver un tant soit peu de ma tyrannie débordante. Et au plus je refusais et vous renvoyais à votre terrible impuissance, au plus j’aiguisais mes contours. Des courbes, je passais aux angles et aux haillons qui les habillent le mieux pour faire illusion le plus longtemps possible. Je voulais gagner en légèreté, n’être plus qu’une ombre, sinon un souffle pour m’élever plus haut, dans l’espoir naïf de toucher les étoiles et pourquoi pas décrocher la lune. Mais j’ai eu beau m’échiner à extraire, je me prenais le tout en revers –vos regards, et le mien toujours plus dur, vos mots, et mes maux toujours plus lourds. J’ai eu beau me délester, me vider à la démesure, tout enflait en moi, prêt à exploser en un chagrin que vos bras n’auraient pas pu contenir. J’ai tenu avec un dédain à peine dissimulé, et pourtant, une caresse et le regard tendre qui l’accompagne au moment le plus inattendu auraient suffit à me faire m’effondrer, m’abandonnant tout entière à votre amour.

 

J’ai cessé de sourire quand je me suis retrouvée trop épuisée et trop seule, écroulée et presque inerte au beau milieu de ma passion violente –sans avenir à m’inventer, sans amour à me deviner. Et sur la toile douloureuse de mes désirs échoués, les larmes ruisselaient. On aurait pu trouver ça dramatiquement beau, mais j’avais bâti un empire duquel je me sentais désormais plus captive que jamais, et à y balancer ma solitude contre chacun des murs qui la consolidaient, j’étais persuadée qu’il n’y avait personne pour recevoir ma détresse, personne pour la deviner à la lumière du jour et me confier de l’espoir à profusion. Je m’étais tant épuisée à conquérir le droit d’être moi, en moi, malgré la béance de mes plaies ouvertes… mais mon avenir ne promettait déjà plus de me mener bien loin de ce contraste-là, celui du tout et du rien. Et à peine me parlait-on d’équilibre, que je leur riais au nez. Mon mal était sans nuances, vif et brûlant, à quoi bon espérer qu’au-delà tout se tempère à l’envie ?

A la vérité, je m’illustrais en paradoxe, car voilà qu’on me tendait une main, que je voulais prendre le bras, et qu’au demeurant de ma souffrance je ne m’emparais de rien. J’aurais voulu, pourtant, m’y laisser choir pour y puiser la force et l’impertinence de cette jeunesse en laquelle on croit. J’aurais voulu vous partager plus tôt le doute qui enflait derrière ma toute-puissance, sous les silences pesants des soirées à errer seule dans le noir ; celui-là même qui m’a permis, plus tard, de changer de direction et d’aller clopin-clopant vers la guérison. J’aurais vraiment voulu.

Je pourrais bien vous dire comment je composais au quotidien avec mon envie d’être là à bien des égards et celle plus sombre de consommer mon aurevoir. Je pourrais bien vous réciter ces lignes que je me répétais sans cesse pour m’obliger à avancer et à pousser plus loin mon amaigrissement. Je pourrais bien vous retracer les heures nocturnes passées à faire du sport, les plats jetés, les mensonges assumés et surenchéris dans la foulée. Je pourrais bien vous décrire les vomissements qui suivaient ces moments où je contrôlais moins, ma gorge irritée par l’acidité. Vous raconter mes passages trop fréquents sur la balance, à scruter la moindre fluctuation et à m’en sentir fière ou au contraire honteuse et détestable. Vous raconter aussi, ces instants face au miroir où mes doigts se promenaient sur ma peau, sur mes os, à l’affût du moindre relief pour mieux saisir mes contours et m’en sentir rassurée. Je pourrais bien quantifier ma perte de poids et afficher mon IMC au plus bas pour que vous me trouviez assez malade et que vous accordiez en conséquence du crédit à ce que j’avance ici. Je pourrais bien jeter des mots, les faire gicler sur le papier pour décrire votre incompréhension qui me giflait avec violence et me confortait dans l’idée qu’il me fallait couper le cordon, qu’importe que cela doive passer par le fait de me détruire. Oui, je pourrais bien vous livrer tout ça dans les détails, autant de pensées, de gestes déguelasses qui m’illustreraient malade dans toute ma splendeur, et qui nourrirait presqu’à satiété votre impitoyable curiosité. Mais le nœud du problème est ailleurs que dans ce qui se voit ; ailleurs que dans ce qui se palpe. Prenez donc le temps d’ouvrir cette enveloppe postée sous vos yeux, vous y découvrirez à l’intérieur la plus longue des lettres.

L’anorexie n’est pas tant l’histoire d’un corps que l’on veut parfait, que celle d’une souffrance plus intime et plus profonde. C’est la nécessité de se détruire avec la vie dans le collimateur, dans l’idée paradoxale de se sentir exister. C’est ressentir à l’extrême, et y faire face à la force de l’inverse –comme verrouiller les émotions pour ne pas avoir à assumer leur élan ou repousser l’autre parce qu’on a trop besoin de lui. C’est la peur de se perdre au-delà des contours, dans ce qui déborde, comme celle de ne pas parvenir à s’en libérer. C’est aussi tout ce que les prétendus connaisseurs ne disent justement pas à ce sujet. C’est encore, je crois, une histoire d’amour mal contenu, anarchique et volatile. Une histoire d’amour insatiable. C’est mon histoire, comme c’est cette autre histoire, celle de votre ami(e), de votre fille ou de votre sœur. C’est surtout une histoire personnelle, avec des tenants et des aboutissants non applicables à tous.

Mais ce qu’il y a de beau avec elle, c’est que l’on peut s’en sortir, et que lorsque c’est le cas, on se connaît mieux que quiconque, avec des armes précieuses pour affronter les affres de la vie. Parce qu’elle nous ouvre les yeux sur ces forces qui nous animent en deçà ; parce qu’elle nous fait prendre conscience de l’infinie richesse de la vie ; parce qu’elle nous apprend l’amour différemment et l’espoir, démesurément.

« C »