Archives de catégorie : Famille et amis

Nouvelle rubrique!

L’association La Note Bleue a depuis cette année un nouveau membre dans son équipe. Leslie Ananou, Psychologue Clinicienne – Psychothérapeute, nous rejoint pour s’occuper en particulier du « pôle entourage » avec des groupes de paroles organisés une fois par mois pour les proches.

Une nouvelle rubrique sur le blog a donc vu le jour : « Pour l’entourage ». N’hésitez pas à en profiter, il est juste en haut à droite!

Bonne lecture, et merci à Leslie…

Aude Réhault

Témoignage, après « Légère comme un papillon »

  • Ma fille est anorexique : je ne sais plus comment l’aider… Est-ce ma faute ?
  • L’anorexie : est-ce qu’on en guérit ?
  • Je suis anorexique mais pas malade !
Ces questions, tant de parents et de jeunes se les posent. Elles nous concernent !

Michela Marzano, 

philosophe, auteur du livre “Légère comme un papillon”, donnera son témoignage sur l’anorexie mercredi 17 octobre prochain à 20h30 au théâtre St Léon, Paris 15e.

Les régimes qui dérapent

L’anorexie mentale débute souvent par un régime qui finit par déraper… Donc attention aux régimes!!!

Vous vous sentez trop grosse, ou avec quelques kilos en trop. La décision de faire un régime est prise. Un régime Dukan? Ou votre propre régime? Quoiqu’il en soit, vous comprenez très vite comment ça marche, pas besoin d’aller voir un nutritionniste, il ne vous apprendra rien

Vous allez petit à petit éliminer des aliments trop gras, avec trop de calories… normal, vous faites un régime, me direz-vous… Puis vous allez éliminer la viande et/ou le poisson… Ou alors cela va simplement vous dégoûter, rien à voir avec le fait que ce soit gras ou non. Les calories vous allez les compter, les recompter et les rerecompter… une obsession va petit à petit s’installer dans votre esprit.

Ce qui est rassurant, c’est que vous vous rendez compte que vous contrôler tout. La maîtrise de cet aspect de votre vie va en plus être efficace, parce que vous perdez du poids, et votre objectif est finalement atteint. Vous vous sentez mieux. Alors pourquoi ne pas continuer un peu…

Mais là il faut arrêter. Vous commencez à être trop maigre, mais surtout très fatiguée et un peu sur les nerfs, votre cerveau ne fonctionne peut être pas aussi bien qu’avant, vous vous sentez peut être parfois ralentie, vous avez du mal à vous concentrer. Vous ne supportez plus rien, ni personne. Et vous vous rendez compte que c’est impossible de vous arrêtez… Mais que se passe-t-il? Vous qui contrôliez si bien la situation, plus rien ne marche. Et des fringales commencent peut être à pointer le bout de leur nez. Dans ce cas, il faut renforcer le régime pour éviter que ces fringales n’effacent tous les efforts que vous avez fait auparavant. Fringales ou pas, les obsessions sont en tout cas très présentes, les calories vous obsèdent et vous en arrivez au point de refuser des restaurants avec vos amis parce que l’idée du repas vous angoisse… La salle de sport est votre meilleure amie, vous prenez les escaliers plutôt que les escalators, le jogging qui était une détente à l’origine est devenu votre activité préférée à 6h du matin avant d’aller bosser 2 fois par semaine, puis 3 fois, puis 4 fois par semaine… Et pourquoi pas aller à la piscine le w.e en plus?

Des règles absentes ou irrégulières? Une fatigue importante? Un isolement qui se crée peu à peu? Des obsessions alimentaires plein la tête? Vous portez un masque en société, tout le monde pense que tout va bien, personne ne voit rien? Parfois même vous vous sentez double? Cette dualité en vous vous mène la vie dure et vous empêche parfois de faire des choix? Dans le fond vous vous sentez triste?… D’autres signes existent et peut être que vous n’avez pas tous ceux cités. Mais le trouble du comportement alimentaire s’est peut être invité chez vous…

L’entrée dans l’anorexie mentale se fait dans ce cas de manière insidieuse. Et c’est un beau jour que vous vous rendez compte que rien ne va plus, que vous êtes épuisée. Heureusement, vous pouvez guérir de l’anorexie mentale (avec ou sans crise de boulimie) ou de la boulimie nerveuse. Mais gardez en tête qu’il s’agit d’une maladie psychique, que soigner le comportement alimentaire est une chose, mais qu’il y a aussi tout l’aspect psychologique de cette maladie qu’il faut traiter. Il vous faut une prise en charge avec plusieurs professionnels (psy, nutritionniste, psychomotricien). Si vous ne voyez qu’un psy ou qu’un nutritionniste, vous n’arriverez à aucun ou très peu de résultats. Si vous ne travaillez pas sur le regard que vous portez à votre corps, il y a plus de risque de rechute…

Dîtes vous qu’il s’agit d’une maladie, et non pas d’une histoire de volonté. C’est pour cela qu’il faut que vous commenciez à accepter d’aller chercher de l’aide auprès de professionnels et spécialistes.

Pour celles qui du coup ont peur de débuter un régime, ne vous inquiétez pas trop non plus. Mais faites attention, faire un régime n’est pas un acte si anodin. Il est important de ne pas éliminer des éléments de votre alimentation. Tout est une question de quantités, et de rythme alimentaire à suivre. Faites vous aider pour un régime, et apprenez à aimer votre corps.

Aude Réhault
Psychologue Clinicienne  – Psychothérapeute

10 conseils à l’entourage

L’anorexie mentale est une maladie qui altère l’équilibre alimentaire de votre enfant, de votre ami(e) ou de votre conjoint. Mais c’est avant tout une maladie psy, aussi en lien avec un trouble de l’image corporelle. Elle traduit un mal-être important, qui trouve une expression dans un comportement alimentaire alarmant (restriction ou crise de boulimie, vomissements…). Cette maladie est donc complexe et nécessite d’être abordée avec subtilité, patience et compréhension.

  1. Essayez de parler d’autre chose que de la nourriture. Votre enfant ou votre ami(e) y pense chaque minute qui passe. C’est source d’obsession, d’angoisse, de dégoût, donc n’en rajoutez pas une couche!
  2. Apportez votre écoute, sans jugement… Favorisez le dialogue sur tout ce qui n’est pas alimentaire. Votre enfant ou votre ami(e) souffre. Ce dont il ou elle a besoin n’est pas de manger ou d’arrêter de manger, mais d’être entendu(e). Dîtes – lui que vous êtes là pour elle ou lui, que vous serez toujours là.
  3. Évitez tous commentaires sur la façon dont il ou elle devrait manger. L’un des symptômes des troubles du comportement alimentaire est le contrôle. Toute perte de contrôle ou toute ingérence dans ce qui est maîtrisé est source d’angoisse très importante. Laissez cette lourde tâche aux professionnels qui accompagneront votre enfant ou votre ami(e).
  4. De la même manière, ne forcez pas votre enfant ou votre ami(e) à manger. Vous serez confrontés à un mur qui a des bases bien plus solides que vous ne l’imaginez. Il vaut mieux dépenser votre énergie à essayer de l’aider et de l’accompagner vers une démarche de prise en charge.
  5. Ne faites aucun chantage avec la nourriture, il/elle n’est pas un animal. Il n’y a que vous que cela rassure, il s’agit de votre frustration et de votre impuissance face à ce qui vous dépasse.
  6. Évitez tout commentaire sur l’aspect physique. Votre enfant ou votre ami(e) ne se perçoit pas comme il ou elle est. Le trouble de l’image corporelle est un des symptômes des troubles du comportement alimentaire. Celui-ci consiste dans l’incapacité de la personne à se percevoir tel qu’elle est réellement. Il ou elle ne sera en rien rassuré(e) par vos remarques, et vous n’êtes pas à l’abri de toutes déformations de sa part : « tu as bonne mine » pourrait être perçu comme « j’ai pris trop de poids », ou « regarde comme tu es maigre » peut réveiller des angoisses qui sont de toute façon présentes, ou l’encourager dans la restriction).
  7. N’hésitez pas à partager les repas avec votre enfant ou votre ami(e). Il ou elle sera de toute façon angoissé(e), mais au moins vous ne lui fermez pas la porte.
  8. N’éliminez pas de catégories alimentaires dans votre équilibre alimentaire (« trop gras », « trop sucré », « pas sain »). Cela ne fera que renforcer l’un des symptômes : la sélection alimentaire.
  9. Prenez le temps et concentrez votre énergie dans les démarches de soin. Les structures spécialisées sont trop rares en France, donc trouver des professionnels spécialisés devient un parcours du combattant. Votre enfant ou votre ami(e) doit faire face à deux ennemis : le manque de spécialistes : « qui peut me comprendre? » – « Qui peut me soigner? » Et soi-même : il existe une ambivalence dans ces maladies qui fait que la prise de conscience et la prise en charge peuvent être instables et rythmées par des « mais je ne suis pas si malade ». Soutenez le ou la, il ou elle aura besoin de vous.
  10. Lisez, rencontrez des anciens malades, des parents, des médecins, des psy… Vous pouvez emmener votre enfant ou votre ami(e), et surtout cela vous permettra de mieux comprendre cette maladie si complexe, et donc d’apporter une aide de plus en plus efficace.

Aude Réhault