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Anorexie mentale chez l’adulte et chez l’adolescent

L’anorexie mentale se déclare le plus souvent à l’adolescence. C’est peut être pour cela que ces jeunes femmes souffrant d’anorexie mentale sont plus exposées que celles plus âgées.

S’agit-il du même type d’anorexie?

Lorsque l’anorexie se déclenche après l’adolescence, il peut s’agir non pas d’une anorexie mentale, mais d’une anorexie en tant que symptôme d’autre chose, comme une dépression par exemple. Dans ce cas là on ne retrouve pas tous les traits du « mental anorexique » ; l’anorexie, la restriction alimentaire, est alors associée à une perte de l’appétit liée à l’état dépressif.

Cependant, l’anorexie mentale peut survenir après l’adolescence, et la maladie se définit de la même manière dans les deux cas. Mais cela n’arrive pas du jour au lendemain. L’anorexie mentale reste une maladie qui est liée à l’adolescence. En effet, c’est durant cette étape du développement du psychisme humain que la maladie s’installe, là où il y a une souffrance, une fragilité. Elle vient se positionner à ce moment et construire une sorte d’armure, de protection autour de la personnalité pour empêcher toute agression. Mais l’intensité des symptômes, en particulier alimentaires, n’est pas forcément très forte, et c’est pour cela que parfois l’on ne ressent ou ne voit rien d’anormal à cet âge. C’est plus tard, peut être face à une difficulté importante ou suite à une accumulation d’épreuves que les symptômes peuvent s’intensifier et devenir visibles ou engendrer une souffrance.

Ceci rappelle bien que l’anorexie mentale n’est pas qu’une difficulté alimentaire! La sélection d’aliments, la restriction importante, les conduites alimentaires aberrantes ne sont que la partie visible de l’iceberg, c’est pourquoi parfois ils peuvent être très discrets et n’apparaître que bien plus tard. Ou alors c’est l’aménorrhée qui devient problématique lorsque la femme cherche à avoir des enfants, et c’est à ce moment que la recherche diagnostic se fait…

Cela se soigne-t-il de la même manière?

Il s’agit de la même chose, donc les directions du soins sont identiques : prise en charge pluridisciplinaire avec un psy, un nutritionniste ou une diététicienne, une psychomotricienne ou un thérapeute corporel. Mais il s’agit quoiqu’il en soit d’adapter les prises en charge en fonction de chaque personne, de là où elle en est, de l’intensité des symptômes, et de ce qu’elle souhaite modifier.

Structures de soin

Aude Réhault

C’est quoi l’anorexie et la boulimie?

Selon l’une des classifications médicales internationnales (DSM-IV), il existe 4 différents type de troubles du comportement alimentaire :

  1. L’anorexie mentale
  2. La boulimie nerveuse
  3. L’hyperphagie
  4. EDNOS (troubles alimentaires non spécifiés)

Il existe une perméabilité entre les catégories des troubles du comportement alimentaire dans le temps.De plus, la réalité clinique est souvent différente, mais ces définitions permettent d’avoir des repères.

L’anorexie mentale

  • Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimm normal pour l’âge et pour la taille (par exemple perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85% du poids attendu, ou incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inférieur à 85% du poids attendu).
  • Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale.
  • Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle.
  • Chez les femmes postpubères, aménorrhée, c’est-à-dire absence d’au moins trois cycles menstruels consécutifs. (Une femme est considérée comme aménorréhique si les règles ne surviennent qu’après administration d’hormones, par exemple oestrogènes).

 – Soit du type restrictif : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).
– Soit du type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a de manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).

La boulimie nerveuse

  • La survenue récurrente de crises de boulimie (« binge eating »). Une crise de boulimie répond aux deux caractéristiques suivantes :
  1. Absorption, en une période de temps limitée (par exemple moins de deux heures), d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberaient en une période de temps similaire et dans les mêmes circonstances.
  2. Sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise (par exemple sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la quantité que l’on mange).
  • Comportements compensatoires inappropriés et récurrents, visant à prévenir la prise de poids, tels que : vomissements provoqués ; emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements ou autres médicaments ; jeûne ; exercice physique excessif.
  • Les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés surviennent tous deux, en moyenne, au moins deux fois par semaine pendant trois mois.
  • L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.
  • Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie mentale. Comme pour l’anorexie mentale, le type de boulimie doit être spécifié selon les différences suivantes :

Soit du type avec vomissements ou prise de purgatifs (« Purging type ») : pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi de laxatifs, diurétiques, lavements.
– Soit du type sans vomissements ni prise de purgatifs (« Nonpurging type ») : pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a présenté d’autres comportements compensatoires inappropriés, tel que le jeûne ou l’exercice physique excessif, mais n’a pas eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements.

Ainsi, ce n’est pas parce qu’une personne a des crises de boulimie que celle-ci est boulimique. Il peut aussi s’agir d’anorexie mentale avec crise de boulimie.

De même, les personnes qui souffrent d’anorexie ne sont pas de fait forcément squelettiques, et peuvent se nourrir normalement d’apparence, devant les autres de manière ponctuelle, car les conduites compensatoires permettent de contrôler le poids.

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Aude Réhault

Risques pour la santé

Une personne qui souffre d’anorexie mentale a une peur intense de grossir. C’est pourquoi elle pourra atteindre un état de dénutrition important, qui aura des conséquences graves. Nous faisons ici une liste des principaux risques mais qui n’est pas exhaustive :

  • Dysrégulation de la température
  • Dysrégulation des fonctions digestives
  • Altération des systèmes de concentration et d’attention
  • Perte musculaire
  • Aménorrhée
  • Ostéoporose

Le déficit en acides gras engendre une perte de cheveux, une altération des ongles et des gencives, et un désordre vasculaire à l’origine entre autre d’une hypersensibilité au froid en particulier des mains et des pieds.

Le déficit en protéine est à l’origine de la perte musculaire des bras, des jambes, des muscles cardiaque et respiratoire, et des muscles utilisés pour la digestion (entraînant une constipation).

En cas de vomissements, l’acidité liée aux reflux gastriques va attaquer les gencives et les dents, pouvant à terme aller jusqu’au déchaussement de celles-ci.

C’est pourquoi le poids en tant que tel n’est pas un objectif à atteindre lors d’une prise en charge. Lors d’un état de dénutrition, il s’agit de « démaigrir », mais pour ne pas faire que du « gavage », il faut se concentrer sur l’intégration quotidienne des nutriments journaliers nécessaires pour le bon fonctionnement du corps.

Aude Réhault