Archives de catégorie : Actualité

Groupe de méditation

L’association vous propose des sessions de méditation en groupe afin de vous offrir une parenthèse, un espace pour vous poser et être à l’écoute de vos sensations.groupe-meditation-la-note-bleue

Une session comprend 5 séances (4 séances hebdomadaires, puis une séance un mois après) et qui durent une heure et demie. N’hésitez pas pour de plus amples informations à télécharger la plaquette ou à contacter Charlotte au 06.14.98.34.97.

informations-groupe-meditation

 

Enfin du nouveau!

Le Dr Alain Meunier réagit à l’article du Professeur Gorwood :

L’anorexie : le plaisir de maigrir plutôt que la peur de prendre de grossir (Résumé ici : INSERM – Gorwood)

 

Enfin du nouveau

L’intérêt, et la nouveauté, de cette expérience, est de posséder un mode opératoire permettant de juger, voire de quantifier les réactions des anorexiques face à des images de grosseur ou de minceur.

L’observation clinique avait déjà fait la preuve que les patientes sont plus dans un désir de minceur que dans une peur de prendre du poids.

Elles se comparent dans la rue et leurs regards sont attirés par celles qui sont plus minces qu’elles et non plus grosses.

Par exemple, les images des sites Pro Ana viennent  toujours dans le sens du « moins que moi ».

Elles n’ont aucune appréhension, aucun rejet par rapport aux personnes présentant du poids et on ne devient pas anorexique parce que son père est obèse ou que sa petite sœur est en surpoids.

Par contre elles se jugent toujours beaucoup plus grosses que celles qui ont le même poids qu’elles car leur regard est altéré par la déformation de leur propre image corporelle. Elles se jugent toujours beaucoup plus grosses en regardant leur propre silhouette précédemment dessinée sur un mur.

 

Le problème n’est pas ce qu’elles regardent mais d’où elles regardent.

Ces expériences partent donc d’un présupposé qui ne peut être ignoré : on devient anorexique par imitation d’une image extérieure. On ne fait ici que substituer « l’image de la minceur » à  » l’image du poids », d’une représentation extérieure à une autre.

L’expérience nous dit qu’on ne devient pas anorexique parce que sa mère l’est ou parce que son idole favorite fait du 34 : c’est une légende urbaine qu’il faut absolument combattre.

D’ailleurs, mes patientes ont  très mal réagi à la loi visant à stigmatiser les mannequins car cela laissait supposer qu’en limitant les images extérieures de minceur on  pouvait régler la souffrance  qu’elles vivent. « Ils ne comprennent décidément rien à notre problème !»

 

L’anorexie semble tout au contraire un trouble de l’image de soi. 

Des expériences en 3D où l’anorexique est confrontée à son hologramme le montre bien. Les anorexiques sont dans l’impossibilité de saisir leur hologramme car la représentation psychique qu’elles ont d’elles-mêmes dépasse largement la réalité de leurs mensurations. L’impossible rencontre, ainsi  matérialisée, est douloureuse.

L’expérience pratique des Psychomotriciennes et les exercices visant à mesurer les troubles de l’image corporelle sont autant de preuves.

 

Le plaisir de lire cet article est sans doute lié,  au-delà des hypothèses génétiques, car nous savons que « tout peut-être génétique », à  la reconnaissance de l’innocuité des médicaments et surtout à l’introduction de méthodes telle que la pleine conscience.

Il serait  effectivement  intéressant d’ouvrir cette pathologie aux nouveaux modes de recherche et d’investigation telles les IRM fonctionnelles et toutes les solutions qu’ouvrent aujourd’hui les neurosciences.

Dans notre pratique, par exemple, nous avons introduit depuis plusieurs années des stimulations magnétiques transcrâniennes dans le cadre d’une trajectoire de soins comportant l’apprentissage de l’auto hypnose, la pleine conscience, la psychomotricité, la remédiation cognitive et les différentes approches habituellement pratiquées.

 

Ces nouveaux axes de traitement devraient permettre, dans la pratique, de changer radicalement les modes de prise en charge hospitalière de cette pathologie, de rompre avec les contrats de poids, de ne plus contrarier le symptôme mais au contraire, de l’adouber pour le faire évoluer et de substituer les hospitalisations strictes à des prises en charge ambulatoires ou d’autres modes d’accompagnement de jour.

 

Dr Alain Meunier

World Eating Disorders Action Day

Aujourd’hui est un grand jour! C’est la 1ère journée mondiale consacrées aux Troubles du Comportement Alimentaire. Ce sont nos amis nords-américains qui ont lancé cette initiative afin de développer les connaissances sur ces troubles ainsi que leur traitement. Cette journée de mobilisation donne un grand espoir pour la suite, afin que les personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire puissent être mieux soutenues, comprises et accompagnées dans le soin, sans oublier leurs proches. N’hésitez pas à partager afin de participer à une meilleure compréhension par le public!

Afficher l'image d'origineWorld Eating Disorders Action Day

 

 

 

Petite vidéo de l’équipe de La Note Bleue : LNB_WEDAD_H264

Et pour la petite histoire, Keanu Reeves et toute l’équipe du film (actuellement en post production) « To the Bone », se sont aussi mobilisées pour cette journée. On attend la sortie du film !

 

My Skinny Sister : la voix de la culpabilité

My Skinny SIster - Sanna Lenken

« Je me suis rendue compte en en parlant qu’il était important de partager votre point de vue »

Voilà ce que m’a répondu Aude Réhault après que je lui ai envoyé mes retours suite au visionnage de « My Skinny Sister ». Lui ayant exprimé l’intention d’aller voir le film, elle m’avait encouragé à rédiger un billet pour le site. Plus qu’une simple critique, j’ose donc aujourd’hui vous présenter mon témoignage et mes réflexions.

 

 

 

En préambule, je souhaiterai me présenter :

J’ai 27 ans. Je souffre de Troubles du Comportement Alimentaire depuis l’âge de 16 ans environ. Anorexie restrictive dans un premier temps, dont j’ai pris conscience vers l’âge de 19 ans après un burn-out. J’ai cru en être guérie suite à un traitement anti-dépressif puis de grands changements dans ma vie (réorientation et déménagement). Je sentais que ma relation à la nourriture n’était pas tout à fait apaisée, mais je faisais confiance à l’expérience et j’espérais qu’avec le temps je finirai par trouver de nouveaux repères par moi-même. Mais sans suivi et vivant seule, ces repères n’étaient pas bien solides et restaient très intellectuels. Les crises sont alors apparues. Puis la découverte du vomissement.

En 2012 (j’avais alors 23-24 ans), j’avais mis le doigt dans l’engrenage infernal : crises avec vomissements / restriction / crises avec vomissements. Réalisant que je m’enfonçais dans un système mortifère dont je ne voyais plus les possibilités de sortir, j’ai contacté le centre SOS Anor. J’ai alors rencontré le Dr Meunier, Aude Réhault, Fazia Khanifi et leur réseau d’âmes bienveillantes. Rue de Seine, j’ai trouvé un lieu où on me comprenait et où j’ai pu me débarrasser progressivement de la honte qui m’empêchait d’avancer vers la vraie guérison : celle du cœur et de l’esprit. Car l’on n’est pas anorexique et/ou boulimique par essence ou parce qu’on a « chopé » une maladie comme on attrape une grippe.

Mais on fait des crises ou on s’impose un régime de fer parce qu’on a mal à la vie, parce que notre rapport au monde s’est faussé et qu’on s’est perdu dans la bataille. Je suis toujours suivie aujourd’hui, j’ai encore des difficultés avec la nourriture (mais j’entends Nourriture au sens large car j’ai compris que la relation avec mon assiette était le reflet de celle que j’ai avec le monde qui m’entoure) mais j’ai de belles victoires sur lesquelles m’appuyer et je prends aujourd’hui grand plaisir à découvrir quel individu je vais pouvoir être sans ces béquilles tordues que sont les TCA.

Ce préambule pour exposer qu’aujourd’hui le comportemental, même s’il est le plus tangible et le plus handicapant au quotidien, n’est plus ma considération première et qu’en réaction je ne supporte plus qu’on réduise l’anorexie et/ou la boulimie à celui-ci (Il s’entend néanmoins que dans les phases où le pronostic vital se trouve engagé, il est important de replacer l’équilibre alimentaire comme priorité). C’est la voix qu’a commencé à faire entendre SOS ANOR et celle que j’aimerais qui soit entendue par tous.

 

Aussi, lorsqu’est sorti « My Skinny Sister », qui plus est réalisé par une jeune femme ayant souffert de troubles du comportement alimentaire, j’espérais qu’enfin serait présenté au grand public un témoignage sensible, dépassant le voyeurisme habituel envers ces comportements « étranges » et préférant révéler le pourquoi de leur nécessité. J’ai été profondément déçue et le visionnage de ce film m’a été très douloureux. J’avais déjà compris à la lecture du synopsis et après visionnage de la bande annonce que le point de vue adopté ne serait pas celui de la jeune fille atteinte de TCA mais de sa petite sœur. Cinéphile et jeune professionnelle dans le cinéma, je reconnais qu’il est très difficile de mettre la caméra « à l’intérieur » lorsque l’on veut aborder de tels sujets et surtout les rendre accessibles (je ne peux cependant m’empêcher de citer en contre-exemple « Clean, Shaven » de Lodge Kerrigan qui pour moi est un film magistral, sachant user de la merveilleuse palette cinématographique pour représenter la schizophrénie). Ceci dit, j’espérais que le lien fraternel, qui plus est apparemment bienveillant, permettrait d’amener la grande sœur à la confidence et ainsi de donner les éléments de compréhension nécessaires au public sur le pourquoi de ces comportements anormaux.

Or, rien de tout cela… On suit donc la petite Stella, tout en contraste (à mon goût très caricatural) de sa grande sœur. Très rapidement, elle perçoit des comportements étranges chez cette dernière (pas de préambule, la grande sœur est directement définie par ceux-ci) et ce lors de scènes malheureusement très rapides.

L’anorexie n’est donc encore une fois montrée que par ses symptômes alertants que l’on peut trouver sur tous les sites d’information aux familles (ce qui en fait néanmoins un bon film de sensibilisation). Mais rien qui ne nous fasse entendre, pour inviter à la comprendre, la souffrance intérieure de la jeune adolescente. Celle-ci écope d’un rôle bien noir : elle est dure, méchante, et on en vient rapidement à penser « folle » voire « monstrueuse ». Ce mot « MONSTRE » m’est venu plusieurs fois à l’esprit. Car c’est ainsi qu’elle est parfois mise en scène, à grand coup de regards noirs, d’agitation malsaine et de musique bien dramatique. Tout cela vu par les yeux de cette pauvre petite sœur toute mimi de laquelle elle vampirise l’innocence. Tout comme l’espace familial qui, une fois la maladie dénoncée, se voit asphyxié par l’aura malsaine que cette grande sœur dégage. Et toute l’attention des parents sera portée à la malade, laissant notre petite héroïne Stella de côté.

Les larmes me sont donc facilement venues, culpabilité et honte étant bien sévèrement remuées. Comment ne pas retrouver la vieille culpabilité d’en avoir fait baver à ma famille ? Comment ne pas renouer avec ma conviction d’être toxique pour les autres ?  Heureusement, ma connaissance du métier et mon habitude à analyser les films me permettent de prendre de la distance. De reconnaître ce qui relève du discours (point de vue, raccourcis, mise en scène) et ce qui relève du sujet (oui, c’est une maladie qui amène à des comportements anormaux). Mais je suis en colère. En colère qu’on m’ait mise dans cette situation de jugement sévère sur la maladie et surtout qu’on n’ait proposé que ce point de vue au spectateur. Le film serait sous-titré “comment les caprices d’une adolescente peuvent bousiller votre famille” que ça ne serait pas incohérent.

Or, si le film avait eu le goût des larmes ravalées, l’esthétique de la confiture mentale qui nous envahit, le son brouillé de ce monde qui nous entoure et nous semble loin et étranger, peut-être aurions nous pu un peu avancer dans la transmission sur ce qu’est réellement cette maladie.

Sur le coup de l’émotion, j’ai été tentée de sortir du placard pour lancer un grand appel à mes amis cinéastes pour qu’ils s’emparent du sujet. Puis je me suis laissée le temps de digérer. J’ai alors commencé à fouiller dans l’histoire du cinéma et de la télévision pour voir ce qui avait été déjà fait sur le sujet, cherchant le bijou à sortir des archives et qui me motiverait peut-être à organiser des projections-débats pour faire entendre nos voix.

 

Bon, ces séances n’étant pas des plus agréables, je n’ai pour l’instant vu que : (disponibles sur youtube en VO)

The Best Little Girl in the World (1981) qui, s’étalant des dérives vers la maladie jusqu’aux débuts de la guérison amène l’héroïne à exprimer son malaise intérieur (mais assez sporadiquement, il faut guetter les phrases 😉

Le Choix d’une vie / Hunger Point (2003) attention assez difficile à voir, mais le personnage de la sœur est très intéressant, puisque par empathie elle cherche, et ce avec beaucoup de finesse, à comprendre le trouble de sa sœur.

Thin (documentaire, 2006) intéressant, mais le décor étant un centre de soins assez strict pour patientes aux pronostics vitaux engagés, il s’agit plutôt d’une alternance de scènes de répression et de rébellion. Le point de vue n’étant pas clair, c’est à nous d’aller y chercher les quelques bribes d’espoir bien cachées sous des comportements à vifs.

Et vous ? Avez vous vu un film qui vous a frappé par sa pertinence et qui vous aiderait à communiquer sur ce que vous vivez / avez vécu ? Attention, si vous avez aussi l’intention de visionner de nouveaux films sur le sujet, je me permets de dire que ce n’est pas un exercice facile. Ca remue beaucoup. Mais il faut toujours bien garder en tête que c’est un discours, un point de vue qui n’est peut être pas le vôtre. Et surtout, parlez-en…

Sur ce, je vous souhaite à tous espoir, courage et beaucoup d’amour.

Que 2016 vous soit tendre et bienveillante.

 

Bien à vous,

 

SB