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Les troubles de la perception du corps : petite explication

Voici un article très intéressant pour vous aider à mieux comprendre le décalage entre la perception de son corps et la réalité de celui-ci :

article : Les troubles de la perception du corps

 

 

 

Notre système sensoriel ne se résume pas aux 5 sens couramment évoqués (le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue, le toucher) ; notre corps enregistre également d’autres informations sensorielles comme celles liées à la position et au mouvement de notre corps dans l’espace (sens kinesthésique, sens vestibulaire) ou comme celles issues de l’intérieur du corps (viscéroception, sensation de faim..). Cet article décrit l’un de ces sens : la conscience de l’état interne de son corps ou « l’intéroception ». D’après des études scientifiques récentes, un dysfonctionnement de ce sens pourrait induire un trouble de l’image du corps, une hypersensibilité au regard d’autrui, et ainsi contribuer au développement d’un trouble du comportement alimentaire.

Si des défaillances sensorielles entravent l’élaboration de l’image du corps, des pratiques corporelles stimulant les sens, comme celles de conscience corporelle, vont améliorer la perception du corps et, comme le suggère cet article, l’image du corps ! On peut notamment s’appuyer sur la notion de plasticité cérébrale : le cerveau va développer une zone qui sera souvent stimulée, entraînée. Stimuler l’écoute des perceptions sensorielles pourrait donc aider à améliorer la perception et l’image du corps.

Alors en avant pour tout ce qui aide à ressentir son corps en y prêtant une attention juste, que ce soit par le yoga, le Tai Chi Chuan, les techniques de gymnastique holistique… Ce travail sensoriel s’inscrit naturellement dans le cadre de la thérapie psychomotrice, pour guider, accompagner de façon individuelle, sur ce chemin vers la guérison.

 

Blanche Augarde-Dollé

Psychomotricienne

Comment l’anorexie mentale évolue-t-elle?

Certains spécialistes des troubles du comportement alimentaire ont tenté de répondre à cette vaste question en distinguant quatre stades typiques et consécutifs au cours de l’évolution de cette maladie :

  1. La phase du  régime : c’est dans un contexte d’insatisfaction corporelle et relationnelle ou suite àregime un évènement potentiellement traumatique (un accident, un deuil, etc.) ou bien encore un élément de la vie ordinaire (une remarque déplacée, un départ en vacances…) que l’anorexique va démarrer sa lutte contre la sensation de faim. Mais attention, nombreux sont les gens qui se préoccupent de leur silhouette et suivent des régimes amincissants, rares sont ceux qui deviendront anorexiques!
  1. La phase lune de miel: à cette période de souffrance succède une phase d’exaltation. L’anorexique perd du poids et ses efforts pour y parvenir deviennent de moins en moins coûteux. Son amaigrissement vient attester son pouvoir sur elle-même: la jeune fille (c’est le cas le lune de mielplus fréquent) a le sentiment de contrôler un corps, des sensations et des émotions qui autrefois lui échappaient. Le jeûne lui procure du plaisir, un sentiment de légèreté et de vitalité. Il est à l’origine d’un regain de moral et d’activités qu’elles soient physiques ou intellectuelles. Au cours de cette phase, l’anorexique ne perçoit que les bénéfices de la maladie.
  2. La phase d’état: à cette rapide et agréable perte de poids, succède inévitablement tôt ou tard une stagnation. Le poids de l’anorexique ne baisse plus malgré ses efforts de plus en plus conséquents pour y parvenir. Les obsessions alimentaires s’intensifient au détriment d’autres centres d’intérêts, les crises de boulimie entrent alors parfois en scène. La fatigue physique et psychique se fait par ailleurs sentir. L’entourage peut alors manifester son inquiétude, exprimer sa désapprobation voire entrer en conflit avec la jeune fille. Bien que n’y trouvant plus véritablement son compte, l’anorexique n’est pourtant pas encore tout à fait prête à se désavouer en renonçant à son combat.
  3. La reprise de poids: elle peut être le fruit d’une décision personnelle suite à un déclic salvateur, ou bien d’une nécessité imposée par l’entourage voire par le corps médical, ou encore de la conséquence des crises de boulimie. Quoiqu’il en soit, cette reprise de poids engendre une profonde souffrance psychique car la peur de grossir persiste. Trois voies s’offrent alors à la jeune fille : la rechute, la chronicité mais aussi la guérison, qui reste facilitée par une aide extérieure.

evolution

« Il existe autant d’anorexies que d’anorexiques. »

L’anorexique décline certes généralement l’ensemble de ce tableau mais la durée (qui s’étend bien souvent sur plusieurs années), la gravité et l’expression de ces phases sont diversifiées et à individualiser.

N’hésitez pas à réagir à cet article! Qu’en avez-vous pensé ? Etes-vous parvenu(e) à identifier le stade auquel vous ou votre proche se situe ?

Chloé Chahbenderian et Dr Alain Meunier

Conséquences des TCA

Vous êtes passée par la trajectoire TCA, faites attention :

Une anorexique de 23 ans à un mental de 13 ans et un corps de 43 ans…

Une analyse sanguine peut aider le médecin à déceler une perturbation, mais une bonne prise de sang ne prouve en aucun cas que vous êtes en bonne santé.

Votre cœur : L’arrêt cardiaque après une hypocaliemie est la première cause de mortalité dans les TCA. Le potassium est un sel impliqué dans la conduction nerveuse, en particulier au niveau de votre cœur. Tout vos comportements favorisent sa carence : la potomanie (trop boire), votre alimentation (ne pas en absorber), vos troubles, en particulier les vomissements. Une hypocaliemie se fabrique en quelques heures. La prise de difukat, ce n’est qu’un sel est cela ne fait pas grossir, et suffit à éviter l’arrêt cardiaque Uelque soit votre poids.

 

Vous n’êtes plus aussi performante au travail? Par votre déséquilibre alimentaire, votre cerveau n’a plus suffisamment de carburant pour fonctionner correctement. Vos capacités cognitives sont alors altérées. Cela engendre des difficultés de mémorisation, de concentration, d’attention… Rassurez-vous, vous récupérerez vos moyens au fur et à mesure de la trajectoire de soin.

 

 

Vos dents, pas si belles que ça? L’équilibre acido-basique de votre bouche est altéré même si vous ne vomissez pas. L’émail de vos dents va fondre et votre bouche peut se détériorer brutalement. Si vous vomissez, la détérioration s’accélèrera. Vos dents peuvent se déchausser, devenir jaunes…

 

Vos cheveux partent? Votre brosse ne ment pas, vous perdez vos cheveux. Ils partent par poignée, se ternissent…À croire qu’ils se nourrissent de protéines et que vous n’en mangez pas assez. Dès que vous retrouverez un équilibre alimentaire, vos cheveux pourront alors retrouver une nouvelle jeunesse et ne plus être source de problème.

 

Tiens, ils se dédoublent! Quelque soit la manucure que vous faites, quelque soit lesuper produit que vous mettez dessus… Vos ongles, comme vos cheveux se divisent en deux, ils ont besoin, eux aussi de protéines.

 

Une nouvelle pilosité apparaît? Elle est liée au « repos endocrinien » dans lequel vous avez mis votre corps.

L’aménorrhée primaire ou secondaire (absence de règles), suivant que vous avez déjà eu des règles, constitue sans doute le signe physique le plus précoce des TCA. Il ne dépend pas seulement du poids, mais surtout de votre équilibre alimentaire. Contrairement à ce qui est souvent dit pour vous faire peur, vos cycles normaux reprendront et votre espoir de faire des enfants reste intacte.

 

Vos os sont fragilisés. On vous a sûrement fait au tant de votre restriction une tomodensitométrie osseuse http://www.coloriages.fr/coloriages/coloriage-squelette-halloween.jpg(calcification). En avez vous la trace? De toute façon, cette restriction n’a pas pu être sans conséquences au niveau de vos os. Pensez y en particulier au moment de votre accouchement, votre bébé risque de prélever du calcium sur vos vertèbres, surtout si votre alimentation n’est toujours pas équilibrée. Attention au sport à fort impact ou les contraintes sont importantes.

 

Un peu froid au main peut être? La veste de votre ami ne suffit plus à vous réchauffer? Le syndrome de Reynaud. Le corps privilégié naturellement toutes les parties vitales. Les extrémités sont donc les premières victimes de cette sélection naturelle qui va envoyer « ce qui reste » du glucose (carburant) vers le cerveau, le cœur, les entrailles.

Des vertiges vous empêchent d’être actives? Un signe tardif, mais qui vous suivra tout au long de vos TCA… Au niveau de la glycémie, le carburant du corps, l’anorexie une vit toujours sur le fil du rasoir. Ses réserves sont épuisées par l’absence de nourriture, mais aussi par l’hyperactivité, vomisseuse elle fait plusieurs fois par jour un exercice très lourd sur le plan calorique. C’est donc à l’occasion d’un effort de trop qu’elle perdrait connaissance… Il existe des perdre de conscience beaucoup plus graves. Certaines anorexiques se carence en eau comme elle le font de la nourriture. Il s’agit alors d’un collapsus pouvant entraîner un arrêt cardiaque.

Votre peau n’est plus la même? Elle est le miroir de votre fonctionnement intérieur. Toute carence, tout excès, en porte les marques. En plus d’une accentuation de vos défauts génétiques, vous avez aussi la peau sèche, vous pelez, vous prenez des coups de soleil, vous avez de l’acné, un sébum particulier.

 

La grossesse. Faire des enfants vous fait peur, normal. Comment mettre un enfant dans ce corps que vous ignorez, pour ne rien dire de la déformation qui vous fait peur? La nature est bien faite, vous n’aurez de mauvaises sensations que dans les premières semaines, voire les premiers mois. Dès que vous sentirez l’enfant, votre angoisse disparaîtra, vous percevrez alors que c’est un autre en vous, cet enfant que vous attendant. Les modifications hormonales changent le climat et votre psychisme est prêt à admettre toutes les transformations.

 

 

Allaiter ou non? Si malgré votre déséquilibre alimentaire, le fœtus peut ne pas souffrir. Par contre, au niveau de l’allaitement, il vous faudra renoncer, car votre lait est de mauvaise qualité. Donc guérir avant d’être enceinte est une question que vous devez vous poser. Et même si la grossesse peut parfois atténuer la symptomatologie, voire la faire taire,  sachez de toute façon que c’est neuf mois ne sont pas un médicament, et que pour différent qu’il soit, ce moment n’est qu’un interlude dans vos troubles alimentaires.

 

Aude Réhault, Alain Meunier

Source : Sos Anor

Nouveau : les journées thérapeutiques

Se soigner pour  » vivre  » et non vivre pour se soigner

Votre temps est rare et le principe même des soins en ville est de protéger votre vie, que vous soyez étudiante, au travail ou mère de famille. Il devenait nécessaire de préserver l’espace que vous vous êtiez créé, de vous rendre celui que la maladie vous avait pris et enfin, vous donner du temps pour la « vraie vie », celle qui en permanence vous échappe, celle qui nous importe vraiment, bien au-delà des problèmes alimentaires.

Alors comment obtenir le maximum d’efficacité  dans le minimum de temps?
C’est la demande qui nous a toujours été faite. Vous aviez raison, la trajectoire de soins que nous proposions était devenue très chronophage pour nombre d’entre vous.
Mais comment éviter l’errance thérapeutique et préserver les principes évidents qui ont fait le succès de nombre de nos patientes? La multiplication des compétences médicales et la synergie qui les rendent si efficaces?

Voilà  une réponse, vous conviendra-t-elle ?

Les différents intervenants se sont organisés pour mettre à votre disposition des journées, voire des week-ends thérapeutiques avec de la pleine conscience, de l’auto-hypnose, et un groupe de parole. L’idée?

  • Vous faire acquérir et vous mettre en main différents outils thérapeutiques assurant votre autonomie dans les soins.
  • Vous soigner bien sûr, vous faire avancer sûrement, mais plus encore à vous apprendre à vous passer de nous.

Les médecins et les thérapeutes sont là une journée ou un week-end mais l’anorexie, les boulimies, les vomissements, le mental anorexique, sont présents en permanence.

 

« Dans une fête je suis toujours spectatrice, je ne vis rien! »

La méditation vous permettra de réinvestir les instants heureux d’être dans le présent, dans la jouissance de l’instant.

« Seule chez moi, je suis envahie de pensées alimentaires, je suis comme un automate, rien ne peut m’arrêter! »

L’auto hypnose vous permettra de reprendre le contrôle sur ses pensées parasites, les mettre de côté et attendre le retour du sauveur.

« Je me sens incomprise même de mes proches…! »

Les groupes de paroles. La première peur est d’être confronté comme dans un miroir à sa maladie ; mais la communauté de la souffrance, être implicitement comprise par quelqu’un qui vit la même chose que vous, viendront vite compenser cette première appréhension.

Intérêts sur le plan thérapeutique

En 4 jours par mois les patientes ont un apprentissage suffisant pour maîtriser les techniques qui leur sont proposées.
Elles peuvent alors participer à des journées complémentaires pour se perfectionner.

Pour plus de renseignement, consultez les nouvelles pages du blog ou contactez-nous par mail : la.note.bleue@hotmail.fr

Le Thigh gape : mode ou maladie?

De nombreux adolescentes ont cette agaçante manie de se passer, en toutes circonstances, la main entre les cuisses, comme pour se rassurer que rien n’a changé, que l’espace entre les cuisses est toujours le même. Ce geste souvent répétitif n’a d’autre but que d’évaluer l’évolution de leur masse graisseuse comme d’autres le font en pinçant vos poignées d’amour devant la glace de la salle de bain. Elles le font lorsqu’elles sont au régime, parfois même quand elles ne le sont pas. Ce geste devient peut être, une mode, un jeu entre elles, un langage, un défi parfois « plus mince que moi tu meurs ».

Vous userez vis-à-vis de cette mode de la patience dont vous faites preuve pour bien d’autres choses. Finalement toutes les adolescents auront un jour ou l’autre la préoccupation de leurs poids et de la transformation de leur corps. C’est inhérent  à la métamorphose de l’adolescent, qui touche tant le corps que l’esprit.

Une question doit cependant germer dans votre esprit : est-elle anorexique ?

Ce rituel de vérification appartient également ou troubles du comportement alimentaire en particulier aux prémices de l’anorexie mentale. Il intervient bien avant que la maladie ne suscite des comportements alimentaires lisibles (restriction visibles, boulimie, vomissements…)  et avant même la perte de poids.
Vous aurez l’habileté de ne pas lui poser la question directement  et de vous référer à notre article qui fait la distinction entre le régime normal de l’adolescence et l’entrée dans l’anorexie restrictive (cliquez ici pour le consulter).

Les troubles du comportement alimentaire se manifestent également par une organisation mentale singulière que  vous trouverez dans le mental anorexique ou Anor Mind. Il donne le diagnostic bien avant que les signes cliniques classiques n’apparaissent (anorexie, amaigrissement, aménorrhée) qui ne sont que des signes tardifs de la maladie.

Ce n’est que fort  de cette conviction que vous pouvez appeler notre numéro  ou un spécialiste de la maladie. L’entrée dans l’anorexie est souvent couvert par le déni chez la patiente, et une révélation trop brutale risque de l’envoyer dans l’enfermement ou la dissimulation, faisant ainsi reculer l’entrée dans une trajectoire thérapeutique.

Alain Meunier et Aude Réhault

Un corps – des corps… l’intérêt d’un groupe psycho-corporel pour les troubles du comportement alimentaire

Voir et être vu...voilà le credo d’une pratique groupale à visée thérapeutique pour les patients atteints de troubles du comportement alimentaire.

En effet, nombreuses sont les patientes qui témoignent de leurs tendances à la comparaison…avec les passants dans la rue, des amis, des models sur des photos,…et toujours cette même interrogation anxieuse et répétée à l’égard de leur entourage, leur conjoint ou encore à soi-même: « Suis je comme celle-ci ou cela, suis je plus grosse, plus mince,…? »

Chercher un miroir, un reflet quand le miroir intérieur est aveugle, quand nous ne savons plus comment nous sommes…voilà l’Image du Corps altérée, floue, peu rassurante et qui freine considérablement le processus de guérison des personnes atteintes de TCA.

Bien souvent l’Image du Corps est mal ou peu intégrée,…la patiente tente de se « bricoler » une image à partir de ce qu’elle voit chez l’autre…mais se fie peu à sa propre image mentale, faite de sensations, de perceptions somesthésiques, kinesthésiques, proprioceptives et tactiles, qui parfois seront interprétées à l’opposé de ce qui est vu de l’extérieur.

Au-delà du visuel, qu’en est-il de la proximité du corps de l’autre, comment donner une place à son propre corps parmi les autres? C’est toute la question du corps en sa qualité de vecteur de communication qui s’y pose, du corps en relation. Des attitudes et des postures, souvent inconscientes, reflètent la relation que la patiente entretient avec son propre corps mais aussi avec les autres. Nous observons des attitudes de repli postural, d’inhibition psychomotrice trahissant des difficultés à habiter son corps. Difficile dans ces conditions d’entrer en relation avec l’autre et en effet, la personne malade s’isole peu à peu, réduisant ses relations sociales au stricte minimum.

C’est là tout l’intérêt de travailler ces questions dans un groupe, qui permet de prendre le risque de s’exposer mais aussi de s’y sentir contenu. Le corps groupal a l’avantage de soutenir des mouvements identificatoires. Le cadre spatial et temporel y constitue un contenant, une aire de jeu où se mettront en scène le rapport de la personne à son corps et à celui des autres.

Synnewa Meyer (psychomotricienne)

 

Comment choisir une psychothérapie quand on souffre d’anorexie, de boulimie?

Comprendre que l’on souffre n’est pas mince affaire. Comprendre que l’on souffre d’un trouble alimentaire et que l’on ne peut pas s’en sortir seul est une étape. Faire la démarche pour une prise en charge est parfois douloureux et compliqué. Choisir un psychothérapeute devient un exploit!

Avant toute chose, il ne faut pas oublier qu’une psychothérapie seule pour traiter les troubles alimentaires N’EST PAS EFFICACE. Cette maladie nécessite une prise en charge pluridisciplinaire car il s’agit de maladies complexes qui touchent différentes sphères (alimentaire, psy, corporelle). Vous n’allez pas prendre uniquement un sirop pour votre gorge qui est irritée quand vous souffrez d’une grippe fiévreuse… Mais la psychothérapie est un aspect de la prise en charge, et nous allons tenter ici de vous aider à démêler quelques nœuds.

C’est quoi un « psy »?  Quel type de psychothérapie existe et laquelle choisir? et enfin comment et qui choisir?

Le « psy »

Sous ce terme se cache 3 praticiens : le psychiatre, le psychologue (clinicien) et le psychothérapeute. Ils ont pour objet d’étude l’être humain et ses souffrances.

Le psychiatre : Statut légal protégé, diplôme reconnu, 10 à 12 ans de formation. Il est un médecin spécialiste. Il peut diagnostiquer et traiter les maladies psychiatriques en utilisant la médecine. Pour cela, il peut prescrire des médicaments et il peut aussi effectuer une psychothérapie, s’il est psychiatre–psychothérapeute.

Le psychologue (clinicien) : Statut légal protégé, diplôme reconnu, 5 ans de formation. Il est un professionnel des sciences humaines. Il est spécialisé dans la compréhension du fonctionnement et de la dynamique psychique de la personne, ainsi que dans la psychopathologie. Pour cela il est formé à l’utilisation de l’entretien psychologique, et à l’utilisation et l’interprétation des tests psychologiques lors de bilans. Il peut aussi être psychothérapeute pour le traitement des pathologies psychiques.

Le psychothérapeute : Statut légal protégé, diplômes et formations variables. Il propose des prises en charge pour le développement et la connaissance de soi, ou pour les souffrances et maladies psychiques.

La psychothérapie

Différentes types de psychothérapies existent : la Psychanalyse (le plus souvent selon Jung, Freud ou Lacan), la Thérapie Rogerienne, la Gestalt Thérapie, les Thérapies Systémiques (familiales, stratégiques, brèves…), les TCC (Thérapies comportementales et cognitives), la Thérapie Transpersonnelle, la Thérapie Intégrative… Elles font référence à des théories différentes. Il s’agit alors des différents filtres de pensée et grilles d’analyse pour comprendre les dynamiques psychiques d’une personne. La façon de travailler sera donc différente.

Quel type de psychothérapie choisir pour les troubles alimentaires?

En fait, c’est à vous de choisir! Dans les sciences humaines, nous savons aujourd’hui qu’aucun des types de psychothérapie n’est plus efficace qu’un autre. C’est « l’alliance thérapeutique » qui est importante. Il s’agit de la collaboration mutuelle, le partenariat entre le patient et le thérapeute dans le but d’accomplir des objectifs fixés. Cette coopération et cet engagement sont les « critères » d’une bonne psychothérapie. Les outils ou la méthode sont en fait secondaires, tant que le thérapeute les maîtrise. Il faut donc vous demandez si la personnalité du psy et sa manière de comprendre et d’aborder vos difficultés vous convienne. Réponse de psy me direz-vous? En effet, je ne peux pas vous dire quel type de psychothérapie choisir, mais je peux vous dire de vous écouter vous. Essayez de rencontrer un psy près de chez vous, ou un psy qu’on vous a conseillé. Et si vous sentez que cela ne vous convient pas, dîtes lui. Les psys sont là aussi pour vous orienter et vous aider à aller voir ailleurs!

Mais une chose est très importante, choisissez aussi un psy qui est SPÉCIALISÉ DANS LES TROUBLES ALIMENTAIRES. Ces maladies sont très complexes, et il est nécessaire d’avoir un spécialiste qui vous suit, sinon il ne comprendra pas ce que vous lui racontez, ce que vous vivez… Au mieux il vous soutiendra, mais il ne vous aidera pas à guérir.

En résumé, trouver un psy dont la personnalité fonctionne avec la vôtre, quelque soit le type de psychothérapie qu’il pratique, et surtout qui est spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire.

Ce qui vous sera très utile en parallèle de la psychothérapie ou en attendant de trouver le bon psy, c’est de lire. Informer vous au maximum sur les troubles alimentaires et sur le fonctionnement de votre anorexie, de votre boulimie ou de votre hyperphagie. La bonne psychothérapie commence par vous permettre de mieux comprendre les mécanismes de cette maladie qui vous fait souffrir pour mieux la combattre. Si vous ne connaissez pas ou si vous ne voyez pas votre ennemi, comment l’attaquer?

Aude Réhault (Psychologue Clinicienne – Psychothérapeute)

Anorexie mentale, boulimie et dépression chez l’adulte

Nous décidons ici d’écrire sur le lien entre la dépression et l’anorexie mentale, car nous entendons encore trop souvent que l’anorexie est une forme de dépression!

 

Il n’y a pas si longtemps, les personnes souffrant d’anorexie mentale étaient soignées par des endocrinologues parce qu’elles n’avaient pas leurs règles. Une large partie de la maladie n’était alors pas prise en charge… Les maladies psychiques ne doivent plus être traitées de façon symptomatique. Aujourd’hui et depuis peu, l’anorexie mentale est considérée comme une maladie en soit et non plus comme étant l’entrée dans autre chose. L’anorexie mentale n’est donc pas le symptôme d’une autre maladie comme l’hystérie, la psychose, un état limite ni même une dépression… Mais il s’agit d’un syndrome à part entière, trouvant son origine dans les mécanismes de l’adolescence. Ce symptôme prend naissance durant l’adolescence mais l’apparition de la symptomatologie franche, ou la prise en compte des symptômes, ou la sortie du déni peut se faire plus tardivement. Ce qui explique un début soit disant tardif de la maladie.

L’anorexie mentale n’est donc pas un symptôme d’une dépression, ni même une dépression. Il n’est pas interdit de penser qu’au décours d’un TCA puisse apparaître une authentique dépression, mais cela est autre chose.

  • Une preuve thérapeutique : les antidépresseurs ne sont pas efficaces sur l’anorexie mentale. Quand on guérit une anorexique de sa maladie et qu’elle souffre aussi d’un état dépressif, celui-ci ne reste pas. L’état dépressif est donc soit secondaire à l’anorexie mentale (il est une conséquence) ; soit il n’a rien à voir avec l’anorexie mentale et la dépression s’est installée de manière indépendante.

 

  • Le suicide anorexique ne ressemble en rien aux suicides des personnes souffrant d’une dépression. Il est brutal, il a toujours une cause dans la réalité, après une boulimie par exemple… Il n’y a pas de préméditation, pas forcément de lettre laissée pour les proches, aucun prodrome ou signe avant coureur n’est repérable. C’est pour cela qu’il y a une telle quantité de suicides de personnes souffrant d’anorexie mentale : on ne le voit pas franchement venir.
  • Lors des enregistrements polysomnographiques (enregistrement durant le sommeil des variables physiologiques comme la respiration, le rythme cardiaque, les tensions musculaires…), il y a une preuve irréfutable de la dépression ; lorsque l’on pratique ce type d’enregistrement sur des personnes souffrant d’anorexie mentale, il n’y a aucune des caractéristiques de la dépression.

Maintenant, comparons les signes cliniques de la dépression avec ceux de l’anorexie mentale :

 

  Anorexie Mentale Dépression
Âge de déclenchement À l’adolescence. Vers 20-25 ans.
Cycle de l’humeur Absence. Il n’y a jamais vraiment de changement d’humeur (dans le sens clinique du terme) entre restriction et boulimie. Présence.
Restriction La restriction est un mode d’être au monde, une façon de contrôler ce qui est incontrôlable. Quelque part il y a un intérêt de ne pas manger. (Se) Forcer à manger ne sert à rien, les mécanismes qui sous tendent la restriction sont profonds et ont une utilité dans le fonctionnement psychique de la personne. La sensation de faim disparaît et la restriction devient un abandon : il y a un désintérêt pour tout, notamment pour le fait de s’alimenter. Forcer la personne à manger devient possible car ne va pas mettre en danger l’équilibre psychique de celle-ci.
Boulimie La boulimie est la conséquence de la restriction. Le corps et l’esprit ne tiennent plus dans ce mécanisme qui utilise trop d’énergie psychique et physiologique, et laisse place à des compulsions qui engendrent ensuite honte et culpabilité. La restriction engendre une boulimie, et une boulimie engendre une restriction. La boulimie peut advenir. Tout comme l’anorexie, il s’agit d’une sorte d’abandon. La boulimie est une tentative de régulation de la souffrance et des affects dépressifs. Mais elle ne s’accompagne pas d’une honte ou d’une culpabilité, et la restriction par compensation pour contrôler l’aspect corporel ne s’applique pas non plus.
Amaigrissement Il s’agit d’une perte de poids très importante en très peu de temps. L’amaigrissement est moins important, moins fulgurant.
Trouble de l’image corporelle Présence. Ce trouble est constitutif de la maladie. Il est aussi parfois à l’origine des rechutes. Absence. On a rarement vu une personne souffrant de dépression avoir un trouble de l’image corporelle.
Trouble cognitif Absence. Les personnes souffrant d’anorexie mentale sont douées professionnellement ou scolairement. Lorsqu’elle ne le sont plus, c’est la conséquence de la dénutrition ou de la durée dans la maladie. Présence. Il s’agit d’un des symptômes.
Tristesse et perte de l’élan vitale La tristesse n’est pas constante et est la conséquence de ce qui est vécu au quotidien comme souffrance liée à la boulimie, au rejet et l’incompréhension des proches… L’élan vitale est maintenue, avec une envie de vivre très importante qui parfois disparaît lorsque le désespoir de s’en sortir apparaît (dû à l’incompréhension de la maladie et de la façon d’en guérir, le refus et le rejet d’accès au soin par les praticiens « censé savoir et aider »…) Tristesse constante, avec perte de l’élan vitale. L’envie de vivre est diminuée et la motivation ou l’énergie pour bouger disparaît.
Processus psychiques Tachypsychie. C’est à dire une accélération anormale des processus psychiques, qui génère une certaine excitation. Bradypsychie. C’est à dire un ralentissement des processus psychiques.

 

 

Dr Alain Meunier (Psychiatre – Psychanalyste)

Aude Réhault (Psychologue Clinicienne – Psychothérapeute)