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Ma fille est anorexique : je ne sais plus comment l’aider… Est-ce ma faute ?
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L’anorexie : est-ce qu’on en guérit ?
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Je suis anorexique mais pas malade !
Michela Marzano,
Michela Marzano,
L’anorexie mentale débute souvent par un régime qui finit par déraper… Donc attention aux régimes!!!
Vous vous sentez trop grosse, ou avec quelques kilos en trop. La décision de faire un régime est prise. Un régime Dukan? Ou votre propre régime? Quoiqu’il en soit, vous comprenez très vite comment ça marche, pas besoin d’aller voir un nutritionniste, il ne vous apprendra rien
Vous allez petit à petit éliminer des aliments trop gras, avec trop de calories… normal, vous faites un régime, me direz-vous… Puis vous allez éliminer la viande et/ou le poisson… Ou alors cela va simplement vous dégoûter, rien à voir avec le fait que ce soit gras ou non. Les calories vous allez les compter, les recompter et les rerecompter… une obsession va petit à petit s’installer dans votre esprit.
Ce qui est rassurant, c’est que vous vous rendez compte que vous contrôler tout. La maîtrise de cet aspect de votre vie va en plus être efficace, parce que vous perdez du poids, et votre objectif est finalement atteint. Vous vous sentez mieux. Alors pourquoi ne pas continuer un peu…
Mais là il faut arrêter. Vous commencez à être trop maigre, mais surtout très fatiguée et un peu sur les nerfs, votre cerveau ne fonctionne peut être pas aussi bien qu’avant, vous vous sentez peut être parfois ralentie, vous avez du mal à vous concentrer. Vous ne supportez plus rien, ni personne. Et vous vous rendez compte que c’est impossible de vous arrêtez… Mais que se passe-t-il? Vous qui contrôliez si bien la situation, plus rien ne marche. Et des fringales commencent peut être à pointer le bout de leur nez. Dans ce cas, il faut renforcer le régime pour éviter que ces fringales n’effacent tous les efforts que vous avez fait auparavant. Fringales ou pas, les obsessions sont en tout cas très présentes, les calories vous obsèdent et vous en arrivez au point de refuser des restaurants avec vos amis parce que l’idée du repas vous angoisse… La salle de sport est votre meilleure amie, vous prenez les escaliers plutôt que les escalators, le jogging qui était une détente à l’origine est devenu votre activité préférée à 6h du matin avant d’aller bosser 2 fois par semaine, puis 3 fois, puis 4 fois par semaine… Et pourquoi pas aller à la piscine le w.e en plus?
Des règles absentes ou irrégulières? Une fatigue importante? Un isolement qui se crée peu à peu? Des obsessions alimentaires plein la tête? Vous portez un masque en société, tout le monde pense que tout va bien, personne ne voit rien? Parfois même vous vous sentez double? Cette dualité en vous vous mène la vie dure et vous empêche parfois de faire des choix? Dans le fond vous vous sentez triste?… D’autres signes existent et peut être que vous n’avez pas tous ceux cités. Mais le trouble du comportement alimentaire s’est peut être invité chez vous…
L’entrée dans l’anorexie mentale se fait dans ce cas de manière insidieuse. Et c’est un beau jour que vous vous rendez compte que rien ne va plus, que vous êtes épuisée. Heureusement, vous pouvez guérir de l’anorexie mentale (avec ou sans crise de boulimie) ou de la boulimie nerveuse. Mais gardez en tête qu’il s’agit d’une maladie psychique, que soigner le comportement alimentaire est une chose, mais qu’il y a aussi tout l’aspect psychologique de cette maladie qu’il faut traiter. Il vous faut une prise en charge avec plusieurs professionnels (psy, nutritionniste, psychomotricien). Si vous ne voyez qu’un psy ou qu’un nutritionniste, vous n’arriverez à aucun ou très peu de résultats. Si vous ne travaillez pas sur le regard que vous portez à votre corps, il y a plus de risque de rechute…
Dîtes vous qu’il s’agit d’une maladie, et non pas d’une histoire de volonté. C’est pour cela qu’il faut que vous commenciez à accepter d’aller chercher de l’aide auprès de professionnels et spécialistes.
Pour celles qui du coup ont peur de débuter un régime, ne vous inquiétez pas trop non plus. Mais faites attention, faire un régime n’est pas un acte si anodin. Il est important de ne pas éliminer des éléments de votre alimentation. Tout est une question de quantités, et de rythme alimentaire à suivre. Faites vous aider pour un régime, et apprenez à aimer votre corps.
Aude RéhaultCanal+ a sorti le 10 juillet une nouvelle série intitulée « Mange« …
Cette fiction raconte la vie d’une jeune femme ancienne boulimique qui s’en est sorti grâce aux Outresmangeurs Anonymes. Elle va recroiser celle qui a fait de sa vie d’ado un enfer.
http://www.programme-tv.net/videos/vu-a-la-tv/7367-mange-canal-plus-bande-annonce-10-juillet/
Sur un fond de comédie, cette série va-t-elle apporté un regard différent sur les troubles du comportement alimentaire? Ou va-t-elle rester dans les clichés habituels qui véhiculent des idées fausses sur cette maladie? Nous espérons… tous à vos écrans de télé si vous pouvez revoir sur canal!
L’anorexie mentale est une maladie qui altère l’équilibre alimentaire de votre enfant, de votre ami(e) ou de votre conjoint. Mais c’est avant tout une maladie psy, aussi en lien avec un trouble de l’image corporelle. Elle traduit un mal-être important, qui trouve une expression dans un comportement alimentaire alarmant (restriction ou crise de boulimie, vomissements…). Cette maladie est donc complexe et nécessite d’être abordée avec subtilité, patience et compréhension.
Aude Réhault
Je souhaitais partager un petit article qui parle d’un psychologue Québécois, le Dr Jean Wilkins, qui soigne depuis plusieurs dizaines d’années des adolescents souffrant d’anorexie mentale au CHU Sainte Justine de Montréal. Le discours de cet homme est intéressant, car il prône une « approche clinique humaine » qui semble parfois manquer dans certaines structures de soin. Il parle d’individu et d’approche individualisée dans sa pratique, et met en garde sur une prise de poids trop importante et agressive.
Ce type de discours me paraît suffisamment manquant ou tout au moins important à rappeler, pour le signaler ici. Je n’ai pas encore lu son livre : « Adolescents anorexiques, plaidoyer pour une approche clinique humaine » ; mais ses écrits ou interviews que vous pouvez retrouver, entre autre, sur le site de l’association ANEB (association canadienne des troubles du comportement alimentaire) amènent une vraie bouffée d’air pur avec cette humanité dans son discours… Enfin quelqu’un qui parle d’être humain!
http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=10162
Aude Réhault
Comment faire la différence entre une personne qui fait un régime et quelqu’un qui est peut être en train de tomber dans l’anorexie? Voici quelques « trucs » pour différencier les deux comportements…
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Régime « normal » |
Régime « anorexique » |
| 1. Le régime annoncé est parfois avoué. | 1. Le régime est caché par le déni ou la manipulation. |
| 2. Le régime est précis, logique, compréhensible, inscrit dans la réalité. | 2. Son but est obscur avec des justifications que la personne fabrique pour l’occasion. |
| 3. Le régime est motivé par son désir de se sentir bien dans sa peau, d’être mieux avec soi-même et les autres. | 3. Elle s’éloigne de nous et cette distance l’exile. |
| 4. La personne se fixe un poids idéal. Une fois atteint, le régime s’arrête. | 4. Le régime est sans limite, il faut maigrir jusqu’à disparaitre. |
| 5. Le régime entraine des conduites désordonnées et excessives. | 5. Le régime entraine des conduites ritualisées, organisées voire « obsessionnelles ». |
| 6. La personne suit de multiples régimes, en change au gré des tendances et des modes. | 6. L’anorexique est dans une démarche restrictive personnelle passant par l’élimination, la sélection progressive jusqu’à l’aliment unique. |
| 7. Le régime comporte de fréquents écarts et des rattrapages. | 7. Le régime est sans faille et de plus en plus restrictif. |
| 8. La personne évite les aliments qui peuvent la tenter. | 8. L’anorexique collectionne les aliments, les accumule et les cuisine. |
| 9. Sa conduite se limite au régime qu’elle s’est fixée. | 9. Sa conduite est globale, elle touche toute la sphère alimentaire : choix des aliments, élimination et toutes les techniques permettant de perdre des calories. |
| 10. Elle lutte contre la faim et tous les moyens sont bons. Elle trompe la faim avec des coupes faim. | 10. La personne utilise les médicaments pour accélérer la perte de calories (laxatifs, excitants, pansements gastriques, diurétiques). |
| 11. Elle ne mange pas à table mais va piller le réfrigérateur. | 11. L’anorexique refuse et a des réactions violentes s’il accepte contre son gré. |
| 12. Il est dans le désordre et l’anarchie. | 12. La personne est dans l’idéal de pureté. |
| 13. Les boissons sont prises en quantité normale. | 13. Elle est potomane (absorption de plus de trois litres d’eau par jour). |
| 14. Elle continue sa vie normale malgré son régime. | 14. Son mode de vie change avec le régime, une autre vie s’organise. |
| 15. Les filles ont leurs règles, les garçons commencent leur sexualité. | 15. Aménorrhée primaire (les règles ne viennent jamais) ou secondaire (elles s’interrompent) pour les filles. Pour les garçons, absence de désir sexuel. |
| 16. Le régime est vécu comme une contrainte avec des efforts visibles. | 16. Le régime est facile. |
| 17. Mauvaise humeur, instabilité caractérielle et affective. | 17. Humeur égale. Tout va bien. |
| 18. Anarchie dans les horaires des repas. | 18. Dictature du temps, tout est minuté. |
| 19. Le plaisir de manger est préservé, la personne reste gourmande. | 19. Manger est une activité douloureuse, pénible entrainant des réactions émotionnelles visibles. |
| 20. Elle essaie de ne pas penser à la nourriture. | 20. La préoccupation alimentaire monopolise son esprit et détermine tous ses comportements. |
| 21. Le poids fluctue. | 21. Sur la balance, c’est une descente progressive et inexorable qui le rassure sur son projet de maitrise. |
| 22. Elle est apathique et le régime peut l’affaiblir. | 22. La personne anorexique est dans l’hyperactivité. |
| 23. Les activités physiques sont limitées. | 23. Tous les efforts physiques sont pratiqués de façon abusive sans goût pour le sport et jusqu’à l’épuisement.
Alain Meunier |
L’anorexie mentale se déclare le plus souvent à l’adolescence. C’est peut être pour cela que ces jeunes femmes souffrant d’anorexie mentale sont plus exposées que celles plus âgées.
Lorsque l’anorexie se déclenche après l’adolescence, il peut s’agir non pas d’une anorexie mentale, mais d’une anorexie en tant que symptôme d’autre chose, comme une dépression par exemple. Dans ce cas là on ne retrouve pas tous les traits du « mental anorexique » ; l’anorexie, la restriction alimentaire, est alors associée à une perte de l’appétit liée à l’état dépressif.
Cependant, l’anorexie mentale peut survenir après l’adolescence, et la maladie se définit de la même manière dans les deux cas. Mais cela n’arrive pas du jour au lendemain. L’anorexie mentale reste une maladie qui est liée à l’adolescence. En effet, c’est durant cette étape du développement du psychisme humain que la maladie s’installe, là où il y a une souffrance, une fragilité. Elle vient se positionner à ce moment et construire une sorte d’armure, de protection autour de la personnalité pour empêcher toute agression. Mais l’intensité des symptômes, en particulier alimentaires, n’est pas forcément très forte, et c’est pour cela que parfois l’on ne ressent ou ne voit rien d’anormal à cet âge. C’est plus tard, peut être face à une difficulté importante ou suite à une accumulation d’épreuves que les symptômes peuvent s’intensifier et devenir visibles ou engendrer une souffrance.
Ceci rappelle bien que l’anorexie mentale n’est pas qu’une difficulté alimentaire! La sélection d’aliments, la restriction importante, les conduites alimentaires aberrantes ne sont que la partie visible de l’iceberg, c’est pourquoi parfois ils peuvent être très discrets et n’apparaître que bien plus tard. Ou alors c’est l’aménorrhée qui devient problématique lorsque la femme cherche à avoir des enfants, et c’est à ce moment que la recherche diagnostic se fait…
Il s’agit de la même chose, donc les directions du soins sont identiques : prise en charge pluridisciplinaire avec un psy, un nutritionniste ou une diététicienne, une psychomotricienne ou un thérapeute corporel. Mais il s’agit quoiqu’il en soit d’adapter les prises en charge en fonction de chaque personne, de là où elle en est, de l’intensité des symptômes, et de ce qu’elle souhaite modifier.
Aude Réhault
Selon l’une des classifications médicales internationnales (DSM-IV), il existe 4 différents type de troubles du comportement alimentaire :
Il existe une perméabilité entre les catégories des troubles du comportement alimentaire dans le temps.De plus, la réalité clinique est souvent différente, mais ces définitions permettent d’avoir des repères.
– Soit du type restrictif : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).
– Soit du type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a de manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).
– Soit du type avec vomissements ou prise de purgatifs (« Purging type ») : pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi de laxatifs, diurétiques, lavements.
– Soit du type sans vomissements ni prise de purgatifs (« Nonpurging type ») : pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a présenté d’autres comportements compensatoires inappropriés, tel que le jeûne ou l’exercice physique excessif, mais n’a pas eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements.
Ainsi, ce n’est pas parce qu’une personne a des crises de boulimie que celle-ci est boulimique. Il peut aussi s’agir d’anorexie mentale avec crise de boulimie.
De même, les personnes qui souffrent d’anorexie ne sont pas de fait forcément squelettiques, et peuvent se nourrir normalement d’apparence, devant les autres de manière ponctuelle, car les conduites compensatoires permettent de contrôler le poids.
Pour aller plus loin, cliquez ici!
Aude Réhault