Archives par mot-clé : trouble du comportement alimentaire

Les pouvoirs du cerveau dans la guérison d’un TCA

Quelques lignes pour faire le lien entre les soins aux TCA et les pouvoirs de guérison du cerveau évoqués dans l’ouvrage de Norman Doidge

Comment le cerveau fonctionne-t-il ? Qu’est-ce que la plasticité cérébrale ?

Si une activité est répétée, les liaisons entre neurones qui s’y rapportent s’intensifient et nous rendent plus efficaces alors qu’à l’inverse, cesser de pratiquer une activité sur une période assez longue affaiblit ces connexions neuronales : ce principe ouvre de nombreuses pistes de soin !

Comment soigner à partir de ce principe de neuroplasticité ?

Par exemple, en « détruisant des connexions nuisibles » selon l’expression de N. Doidge, comme celles liées aux comportements boulimiques associés à des émotions particulières.

Ce psychiatre américain prend justement l’exemple d’ «une personne qui éprouve le besoin de manger chaque fois qu’elle se sent perturbée émotionnellement. Parce qu’elle a associé nourriture et diminution de la douleur psychique, il lui faudra apprendre à les dissocier si elle veut se débarrasser de cette habitude*.» Mais là, cette dissociation pourra s’appuyer et même se pérenniser par la neuroplasticité, avec l’affaiblissement progressif des connexions nuisibles et le renforcement des nouvelles connexions positives, celles des comportements qui viennent peu à peu remplacer les crises de boulimie.

Une autre piste de soin pour changer la perception de son corps :

« La carte cérébrale « d’exploitation  » de notre image corporelle est le produit de la combinaison de multiples cartes : les premières cartes biologiques fondées sur les données sensorielles de notre corps et les cartes créées de toutes pièces à partir de notre reflet dans le miroir, d’une jolie photo de nous-même, voire d’une image médicale comme une radiographie… tout ce qui peut être considéré comme une représentation de soi finit par se tracer un chemin dans la carte d’exploitation du corps imaginaire »* A fortiori, toutes les activités corporelles, sports et activités dites de conscience corporelle (yoga, Taï chi chuan…) apportent de multiples informations sensorielles qui contribuent à remodeler cette image de soi mentale et réduire ainsi la distorsion entre perception du corps et réalité.

Ces pistes se retrouvent au cœur du soin en psychomotricité face aux TCA !

En effet, le soin en psychomotricité propose toutes sortes de médiations corporelles qui vont :

– contribuer à nourrir le cerveau en informations sensorielles participant à la représentation du corps et ainsi aider à sortir de la dysmorphophobie**,

– proposer des outils corporels adaptés à chaque personne pour répondre aux émotions autrement que par l’aliment, des exercices qui viennent construire par la répétition de nouveaux circuits cérébraux qui ne soient plus nuisibles…

* Extraits de Guérir grâce à la neuroplasticité

**Trouble de la perception du corps (Cf. https://association-lanotebleue.fr/les-troubles-de-la-perception-du-corps-petite-explication/)

Blanche Augarde-Dollé

Psychomotricienne

L’ère de la psychiatrie s’étend à la neurologie!

Nous savons aujourd’hui grâce à la neuro-imagerie que le cortex préfontal dorsolatéral (DLPFC) bénéficie d’un rôle clé dans l’élaboration des fonctions exécutives (planification, organisation, élaboration de stratégies…) et que cette zone est impliquée dans certains troubles psychiatriques. La rTMS (stimulation magnétique transcrânienne à répétition) vient répondre à cette problématique en émettant un champs magnétique sur cette zone du cerveau afin de modifier l’activité électriques des neurones (pour en savoir plus sur la technique, cliquez ici ).

Si la rTMS est aujourd’hui reconnue comme un traitement pour la dépression de seconde intention aux Etats-Unis, elle a également montré une efficacité dans les troubles des comportements alimentaires.

Aussi, le nombre d’études impliquant la rTMS et les troubles du comportement alimentaire ne cesse d’augmenter depuis les années 2000. Et pour cause, les troubles du comportement alimentaire touchent jusqu’à 3 % de la population française et de nombreux traitements et thérapies restent inefficaces. L’exemple de l’étude de McClelland en 2016 est une réussite. Elle prédit qu’une séance de rTMS permet de réduire de manière convaincante les symptômes de l’anorexie (diminution de la sensation d’être gros, de l’urgence de se restreindre) et améliore les prises de décisions prudente en augmentant le contrôle cognitif par rapport à un groupe placebo n’ayant pas bénéficié de rTMS.

A notre échelle, au Centre SOS-Anor, une étude réalisée en 2017 a montré que sur 26 patients souffrant de boulimie, la SMT a eu un effet (très important chez 25 à 30 % et important chez 30 %) sur le nombre de crise de boulimie, sur le sommeil, sur les ruminations alimentaires et sur l’anxiété.

C’est encourageant !

Myriam Cordelle, Psychologue Clinicienne

Journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires

Les troubles du comportement alimentaire dérangent, sont incompris, mal diagnostiqués, mal soignés, complexes, meurtriers… Mais on en guérit! Aujourd’hui est la journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires.

Partagez pour informer, permettre l’ouverture d’un dialogue, de sortir de l’isolement, d’accentuer la compréhension et de sortir des préjugés encore trop nombreux…

Voici les 9 vérités soutenues par la Journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires :

 

Et voici les 9 objectifs de la Journée mondiale de sensibilisation aux troubles alimentaires :

Notre réponse à la « Loi mannequins »

La Loi interdisant les photos  retouchées

Une preuve de plus que les anorexiques sont  « incomprises ».
La loi laisse à supposer que l’on devient anorexiques en regardant une photo de mannequin, voire une photo retouchée avec le désir de leur ressembler et de devenir maigre.
Or la cause de l’anorexie est très souvent un traumatisme, et parfois un traumatisme sexuel de l’enfance.  Cela revient donc implicitement à dire à une jeune fille flouée dans sa sexualité qu’elle est devenue malade pour être belle. Quoi de plus injuste? Et même si le traumatisme n’est pas aussi cruel qu’un viol, il n’en reste pas moins que les personnes qui souffrent d’anorexie sont victimes et non coupables de ce qui leur arrive.
Si ces personnes, sont devenues malades en voulant être belle, finalement pourquoi les soigner? La deuxième loi est explicite sur le sujet.

 

La Loi sur le poids des mannequins

Vouloir peser des mannequins aux marches des podiums est aussi étonnant qu’il le serait de demander leur poids à des personnes en surpoids pour certaines professions, ou leur QI à des hommes politiques.
Plus grave, cet examen échappe à toute réalité médicale. Les troubles du comportement alimentaire se manifestent dans l’adolescence par une restriction, les personnes soufrant d’anorexie restrictive, reconnaissables par leurs maigreurs. Ce n’est que plus tard que le mental anorexique se manifeste par des boulimies et des vomissements et/ou des comportements par lesquels, en général, elles stabilisent leur poids.

Dans leur grande majorité, les mannequins concernées ne souffrent pas d »anorexie restrictive mais de boulimie avec vomissements. Les anorexiques  échappent donc définitivement à la loi. Si par hasard l’une d’elles se retrouvait  prise dans les mailles du filet, l’entretien avec un médecin du travail, même informé, a peu de chance d’aboutir à des soins. L’interdiction de travailler n’est assorti d’aucune obligation de se soigner.

 

Pour plus d’informations sur la loi

 

Dr Alain Meunier

Dalida et l’anorexie mentale…

« Quand elle était petite, elle était différente. Le regard des autres sur elle a toujours été important. Dalida n’est pas n’importe quelle femme » (extrait de la bande-annonce du film Dalida).

Il y a quelques jours, je suis allée voir le film Dalida au cinéma, et j’ai été submergée par l’émotion durant quasiment toute la projection. Au début, je me disais « tiens c’est bizarre, elle a des comportements d’anorexiques… », et puis j’ai laissé ce commentaire dans un coin de ma tête pour profiter du film. Cependant, plus ça allait, plus je voyais Dalida, dont je ne connaissais pas la vie, comme une anorexique, c’était flagrant. Je la comprenais à 100% dans sa recherche de l’Amour, dans sa quête du bonheur, dans sa relation avec les autres, dans sa dévotion, et dans sa passion. Vint le moment où Dalida se fait vomir à plusieurs répétitions, et là c’était clair pour moi : elle était bel et bien atteinte d’anorexie mentale. A un moment, on voit bien Dalida amaigrit, refusant de s’alimenter, fatiguée et lasse. Plus le film passait, plus j’étais transpercée par cette découverte, et plus je ressentais de la compassion pour cette belle personne. Le tout ponctué d’un très beau jeu d’actrice et de musiques toutes plus émouvantes les unes que les autres. J’ai pleuré plusieurs fois pendant le film et surtout après, en sortant de la salle où j’ai déversé un torrent de larmes ! J’avais l’impression de connaître la vie de Dalida bien plus que tous les autres spectateurs qui venaient de visionner le film, j’avais envie de dire à tout le monde « ne vous rendez-vous pas compte quelle était anorexique ? ».

Plusieurs éléments m’ont mis la puce à l’oreille. Tout d’abord, l’enfance de Dalida, avec plusieurs traumatismes sociaux (humiliations à l’école, rejet de ses camarades, mauvaise intégration), et familiaux (arrestation de son père dont on l’a privée, père violent envers la maman, etc.). Dalida, qui n’avait déjà pas confiance en elle et qui avait peur du regard des autres, a ainsi reçu une image choquante de la relation Homme-Femme au sens large. Elle n’a pas reçu tout l’amour de son père dont elle avait besoin et elle s’est retrouvée confronté à des « problèmes de couple » graves déformant ainsi sa vision de la vie amoureuse.

J’ai surtout beaucoup ressenti le manque d’amour et la solitude dont Dalida souffre. Elle excelle dans son domaine, elle a « tout » pour elle, elle est idolâtrée, elle est belle, et elle est intelligente. Tout pour être heureuse, me direz-vous. Malgré cela, on perçoit tout de suite l’immense vide intérieur auquel elle est confrontée. Oui, Dalida excelle, oui Dalida a d’immenses qualités professionnelles et personnelles, mais Dalida aspire à autre chose. Quelque chose de plus grand, de plus profond, de plus « léger », et de plus humain. Je perçois là une recherche de spiritualité, une quête de sens, une volonté de se « verticaliser » pour aller chercher des réponses à ses questions. C’est aussi pour moi, une opposition entre la Terre, ce « bas monde » dans lequel une partie d’elle est reconnue, et à l’inverse, le haut, le divin, l’Eternel, l’Absolu dans lequel elle aimerait se révéler. On pourrait y voir là, l’ambivalence bien connue des anorexiques. Les deux personnalités qui ont du mal à s’accepter, à vivre en harmonie. Dans l’esprit de l’anorexique, il n’y a de la place que pour une seule personne, ainsi l’une des deux combat l’autre. Dans le film, c’est l’opposition entre Dalida la chanteuse talentueuse, « parfaite » dont on parle, et Yolanda la femme, humaine, sensible, qui n’a pas confiance en elle, qui se cache et qui est évincée du devant de la scène.

Le rapport à la féminité est également bien mis en avant avec le grand désir de Dalida de faire des enfants et son immense amour pour eux. Le fait qu’elle ne puisse pas en avoir est un élément supplémentaire qui a aggravé son anorexie mentale. Car dans ce monde superficiel et plein de paillettes, en quoi la vie vaut-elle la peine d’être vécue si on ne peut pas la donner ? Si on ne peut pas la partager ?

D’autres signes très évocateurs étaient présents comme son hyperactivité et son contrôle. Dalida n’arrêtait pas, enchainait les tournées, les plateaux de télévision, les voyages dans le monde ; elle s’est même mise à danser sur scène pour suivre la mode de l’époque et devait ainsi répéter sans cesse. De plus en plus marquée par les éléments tragiques de sa vie, on assiste à un enfermement de Dalida. Elle s’enfermait dans son métier pour ne pas penser au reste, c’était sa coquille, sa carapace, afin de se sentir protégée de l’extérieur, de ses éventuelles agressions.

J’ai été plus que surprise en voyant se film, car j’ai ressenti une connexion très forte entre le personnage de Dalida et moi qui ai également connu l’anorexie mentale. C’est comme si j’avais pu lire en elle son mal-être, comme si je le comprenais. J’avais l’impression que son entourage proche ne la voyait que comme une femme fragile et vulnérable qu’il fallait prendre avec des pincettes, mais j’ai surtout vu en elle sa force intérieur, son envie de donner du sens, son envie de partager sa vie (avec un homme, avec un enfant, avec son public, avec le monde extérieur), et son envie d’exister.

Dalida n’était pas folle ni malade au sens médical du terme, elle était « malade d’amour » comme elle le chante si bien dans « Je suis malade ». Cette chanson est une déclaration d’amour très puissante. Elle a tellement d’amour a donner, qu’elle en souffre, et c’est ce que j’appelle la passion. Comme toutes les anorexiques, c’était une personne aimant « à la folie », qui croyait du plus profond de son âme en l’Amour mais qui n’a pas réussi à trouver sa place dans un monde qui pourtant l’acceptait tout entière. Mes larmes ont largement coulé lors de l’interprétation de cette chanson parce que j’ai trouvé magnifique le fait de pouvoir chanter haut et fort, debout devant le monde entier, cet immense besoin d’amour. Elle assume le fait d’être complètement perdue, et ceci est pour moi une demande à l’aide, très explicite. A bon entendeur…

La réalisatrice du film a prononcé ces mots sur le plateau de Michel Drucker : (Dalida était) « une femme à la recherche du bonheur, tournée vers l’extérieur. Elle s’est oubliée, elle a cherché l’amour à l’extérieur ». Après avoir fait des recherches sur Dalida, je n’ai pas trouvé de mention qui parle d’une éventuelle anorexie mentale, mais cette phrase n’a fait que renforcer mon sentiment par rapport à la chanteuse.

Ceci est pour moi le début de la compréhension de notre chère anorexie.

Et-vous, qu’en avez-vous pensé ?

Emmanuelle

Le Poids? Sans commentaire!

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L’organisme québécois EquiLibre organise pour la 5ème année consécutive, à l’instar des américains depuis 2008 (Fat Talk Free®Week), la semaine : Le Poids? Sans commentaire!

Il s’agit de sensibiliser la population à l’omniprésence et aux conséquences néfastes des commentaires sur le poids. Belle initiative que nous tentons de relayer depuis 4 ans.

Sur la page de leur site vous pourrez y trouver des témoignages, des outils de réflexion et pédagogiques, le résultats d’un sondage. N’hésitez pas y jeter un œil et à partager.

De votre côté, observez! Écoutez, rendez vous compte, si ce n’est pas déjà fait, à quel point le poids et la forme corporelle sont des sujets de conversation récurrent. Et surtout testez vous! Essayez, pendant une semaine de ne pas en parler (ni de vous, ni des autres). Remarquez à quel point le sujet peut être évité, et à quel point il est agréable et parfois libérateur, de parler d’autre chose!

J’irais peut être même plus loin! Passons une semaine sans parler de poids ou de forme corporel, ni de nourriture! Faites que ces 2 sujets de conversation disparaisse pendant une semaine. Ou découvrez la difficulté éventuelle pour vous de ne pas parler de cela…

Bonne semaine libre à vous et surtout partagez!!!

Aude Réhault

« Chère Anorexie » – Documentaire Arte

chere-anorexie-boutique-arteARTE : « À travers les témoignages poignants de malades et de soignants en Europe, une enquête sensible sur l’énigme de l’anorexie, dont la prise en charge ne cesse d’évoluer, à travers des thérapies complémentaires, y compris familiales ou artistiques. »

Voilà le programme que nous propose Arte mardi 18 octobre à 22h35, ou en video à la demande du 18 octobre au 17 décembre 2016.

Chère Anorexie – Arte

 

Groupe de méditation

L’association vous propose des sessions de méditation en groupe afin de vous offrir une parenthèse, un espace pour vous poser et être à l’écoute de vos sensations.groupe-meditation-la-note-bleue

Une session comprend 5 séances (4 séances hebdomadaires, puis une séance un mois après) et qui durent une heure et demie. N’hésitez pas pour de plus amples informations à télécharger la plaquette ou à contacter Charlotte au 06.14.98.34.97.

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