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La galette des rois

Les fêtes de fin d’année ne sont pas toujours un moment agréable lorsqu’il y a un trouble du comportement alimentaire. Juste avant Noël, une patiente me dit « vivement que Noël soit passé et qu’on soit à l’année prochaine ». Puis juste après « pff et puis en fait j’en sais rien car je déteste le début d’année ». Toute étonnée je lui demande pourquoi. Elle m’évoque ne pas apprécier la période des vœux et des résolutions, que l’on reçoit en nombre, même de personnes que nous n’avons pas vu ou entendu depuis longtemps. 

C’est vrai que cette période de début d’année peut être oppressante, comme s’il fallait aller bien, être positif. Comme si nouvelle année signifiait nouvelle vie, les soucis derrière soi. 

Et pourquoi ne pas se dire que c’est simplement la continuité des choses mais qu’on va pouvoir faire un peu de tri pour s’alléger de certaines contraintes ?!

En commençant par s’alléger de la galette des rois si besoin! Comme si le sort s’acharne, passé Noël, il va falloir maintenant traverser les goûters proposés où la galette va trôner sur la table !

Alors comment faire ? Se laisser du répit ! Aucune obligation d’en prendre, plusieurs options existent.

Le choix va s’effectuer selon là où la personne en est dans sa maladie, selon le « stade d’envahissement » de celle-ci. 

>Soit je suis extrêmement coincé et cela me semble impossible

> Soit il y a une certaine souplesse qui peut permettre de trouver un moyen de s’adapter. 

Voici les différentes possibilités, du plus au moins restrictif : 

  • Ne pas y aller
  • Y aller mais expliquer que pas faim sur le moment. Il est possible dans ce cas de prendre la part de gâteau pour plus tard éventuellement, pour éviter de vexer la personne qui invite (et aucune obligation de le manger ensuite 😊)
  • Goûter un petit bout, juste histoire de se reconnecter avec cette saveur particulière. 
  • Partager une part avec quelqu’un. C’est parfois la solution idéale, moins de frustration tout en ayant un minimum de plaisir partagé.
  • Prendre une part comme tout le monde. Et si la culpabilité arrive après, on peut lui dire qu’on a le droit de faire un break par moment, du moment que la part était de taille normale et pas en excès 😉

La galette briochée est souvent mieux acceptée que la frangipane, alors un petit bout de galette briochée peut être sympathique, surtout s’il y a eu beaucoup de privations à noël 😉 !

Julie Basset, diététicienne-nutritionnsite

L’enfer de noël avec des troubles alimentaires

Noël, moment censé être magique, où le temps s’arrête, où les gens se retrouvent et partagent. Pourtant pour les patients souffrant de trouble des conduites alimentaires, cette période est un vrai calvaire, un mélange d’imprévus, de peur de ne pouvoir compenser tous ces aliments interdits, de tentations pouvant provoquer des dérapages, activant le mode bien connu pour certains du « c’est fichu, j’ai craqué ».

Encore une fois, il va falloir trouver la force pour surmonter cette période. On ne se rend pas compte, mais lors de toutes ces occasions qui en général sont source de plaisir, les patients vivent l’inverse à l’intérieur d’eux-mêmes. Et pourtant, ils seront là, à table pour la majorité, à tenter de lutter contre leur maladie, en silence. Résister. Résister à quoi ? A la faim, à la fatigue, aux doutes, aux envies. Passer outre les réflexions qui blessent, qui peuvent provoquer un sentiment de culpabilité mélanger à de la colère : « oui j’ai encore maigri, mais si vous saviez quel enfer c’est. Il ne suffit pas de manger pour en sortir. Rien que d’être ici avec vous c’est déjà une victoire pour moi …»

Au lieu de voir les choses sous l’angle positif et magique de Noël, c’est une montagne de soucis qui s’installe : « je ne sais pas ce qu’il y aura », « je n’ai pas envie d’imposer mon anorexie aux autres », « je n’ai pas envie que ça se voit », « je serai obligée de me faire vomir mais pas sûre de pouvoir le faire », « personne ne le sait », « je ne vais quand même pas amener mon repas », « si je prends de l’alcool je vais avoir envie de tout manger », « les repas n’en finissent pas et je reste assis si longtemps, ça m’angoisse »… Avec tous ces questionnements et doutes, il est difficile de pouvoir être simplement là, disponible pour discuter, tout en mangeant.

Alors comment amener un peu de calme dans cette tempête intérieure ? En mettant en place quelques petites choses et surtout en gardant bien en tête qu’il est impossible, lorsqu’on souffre d’un trouble alimentaire, de manger comme tout le monde…

Quelques pistes :

  • Récupérer un maximum d’information sur le planning des repas : combien de repas, chez qui, avec qui, quel est le menu etc. Plus la personne aura d’informations, plus elle sera rassurée et pourra se projeter.
  • Ensuite, y a-t-il une personne de confiance sur place vers qui se tourner en cas de doute et d’angoisse montante ? Si non, il est intéressant de trouver cette personne ressource, celle qui pourra avec quelques mots nous dire que ça va aller, et que si besoin on peut faire autrement. Peut-être se mettre à côté d’elle à table ?
  • Il va falloir se positionner face à l’entourage : est-ce que les gens sont au courant, et si non, est-ce que j’en parle ou pas ? Le dire peut être parfois difficile au départ, mais permet ensuite d’éviter les fameuses réflexions maladroites au moment du repas « ressers-toi », « tu n’as presque rien mangé », « tu fais encore la difficile » …En gros, ça peut permettre d’avoir un peu la paix ! Et ça, ça peut être sympa 😉
  • En fonction du stade où on la personne en est, il est parfois utile d’amener son repas. Cela paraît fou de ne pas profiter de ce qu’il y a sur place, mais les angoisses vécues peuvent être tellement fortes qu’il est préférable d’avoir sa routine alimentaire. Dans ce cas, l’objectif principal est à revoir, c’est le fait d’être ensemble, et le repas passe au second plan. Il y aura d’autres Noël, le prochain sera plus facile !
  • Noël est une fois par an, sur une courte période. Passer complètement à côté peut être rassurant, mais peut aussi selon les personnes créer de la frustration. Petit à petit, la privation risque d’amener des envies de manger vécues comme incontrôlables. Pour éviter de se retrouver avec cette perte de contrôle, il est possible de s’autoriser des petites choses. Pourquoi l’anorexie aurait le dernier mot tout le temps ? N’est-ce pas normal, à cette période, d’avoir l’envie de goûter quelque chose ? Si je gère 95%, j’ai le droit d’avoir 5% de nouveauté, en le prévoyant à l’avance. Cela peut être par exemple de partager une petite part de bûche, ou bien de goûter une verrine à l’apéritif, s’octroyer un chocolat. N’oublions pas que le plaisir alimentaire est un régulateur émotionnel. Si la culpabilité arrive, il suffit d’observer tout ce qu’il y avait à table, tout ce que les gens ont mangé et bu, pour voir que ce petit plaisir accordé est en fait un contrôle incroyable que peu de personnes sont capables de faire !
  • Activer le mode « dégustation ». Afin d’avoir la sensation de garder le contrôle et sans trop se priver, il est intéressant de déguster : petite quantité, en faisant appel à ses sens. Observer l’aliment avant de le goûter, d’abord le sentir, puis prendre une première bouchée et simplement observer sa texture en bouche, quel goût vient en premier, quand est-ce qu’on en a mangé la dernière fois ? En prenant un peu plus le temps, on se nourrit avec ses autres sens, avec peu de calories !!
  • Et puis, s’il y a des choses prises qui n’étaient pas prévues initialement, cela peut être normal. Rappelons-nous qu’il y a une partie extrêmement dure qui, si on l’écoutait, nous demanderait de ne rien toucher. Ca n’est en aucun cas une perte de contrôle mais bien une adaptation à la situation actuelle. Et que va voir l’entourage ? Que les choses peuvent changer ! Ce partage d’émotions est tellement précieux qu’il peut aussi servir à balayer la culpabilité pour laisser place à l’espoir !
  • Pour finir, il est important pour la personne de respecter là où elle en est et quelles sont ses possibilités. Eviter de se mettre trop en difficultés, redéfinir son objectif qui est de passer ces moments-là du « mieux » possible », amener sa propre alimentation si besoin, en parler ou pas, mais surtout, prendre soin de ses peurs pour pouvoir être présent physiquement mais surtout mentalement disponible afin de partager avec ses proches.

Julie Basset, Diététicienne-Nutritionniste

La Note Bleue s’installe aussi à Nantes

Notre blog a été mis de côté ces derniers temps. Mais toutes les petites mains qui tentent de faire vivre l’association, ont participé au développement d’une antenne à Nantes, en plus des activités habituelles de groupes, de communication, de formation…

Petite présentation de l’équipe de La Note Bleue Grand Ouest :

Aude Réhault
Psychologue Clinicienne
Fondatrice de La Note Bleue
Flavie Brochard
Diététicienne – Nutritionniste
Nathalie Saget
Psychologue Clinicienne
Thérapeute des familles
Charles-Antoine Menanteau
Psychologue Clinicien
Marine Boni
Diététicienne – Nutritionniste
Julie Basset
Diététicienne – Nutritionniste
Blanche Augarde – Dollé
Psychomotricienne Réflexologue Plantaire

Alors voilà, La Note Bleue Grand Ouest est fière de porter ce projet de facilitation d’accès aux soins, en apportant son soutien à un tout nouveau cabinet spécialisé dans les troubles alimentaires au 7 rue des Rochettes à Nantes. Il y a trois diététiciennes-nutritionnistes, deux psychologues cliniciens, une psychomotricienne et une thérapeute des familles. Pour prendre rendez-vous : Doctolib

Pour compléter la trajectoire de soin pluridisciplinaire, voilà ce que La Note Bleue met en place à Nantes : groupe de parole, ateliers autour de l’alimentation, ateliers autour du rapport au corps, atelier réflexologie. Pour vous y inscrire : 07.83.11.25.05

Je ne suis pas assez malade pour demander de l’aide

Combien de fois ai-je pu entendre cette phrase? C’est une considération que j’ai toujours trouvé étonnante…

Parfois, une personne qui souffre d’un trouble alimentaire n’ose pas ouvrir la porte d’un spécialiste car elle ne se sent pas légitime. Comme si ses symptômes, ses souffrances n’étaient pas à la hauteur, ou pas assez importants. Mais par rapport à quoi? « Par rapport à ce que l’on peut voir à la télé »… Ou alors « c’est pas très grave, il y a des jours où ça va. » Ou encore « Je peux m’en sortir toute seule, c’est pas si compliqué de manger normalement, tout le monde le fait ». Oui sauf que par définition, un trouble alimentaire, c’est une difficulté à manger « comme tout le monde »…!

Mais que faut-il attendre finalement? D’être en-dessous de 30kg? Faire des crises de boulimies jusqu’à s’endetter ou voler? Vomir 6 fois par jour au point de ne plus pouvoir vraiment travailler? Ces évolutions, je ne les souhaite à personne. Alors pourquoi attendre que l’état soit grave, au point d’en être terriblement humiliant et dangereux? Pourquoi ne pas laisser sa fierté de côté et prendre au plus vite les conseils de ceux qui connaissent très bien la maladie et peuvent vous aider à déjouer ses mauvais tours?

N’oublions cependant pas la difficulté à trouver des spécialistes! Il est vrai que j’entends aussi souvent des personnes qui ont pu faire les démarches de soin suffisamment tôt, mais sont « tombées » sur des médecins ou thérapeutes qui n’étaient pas vraiment des spécialistes, et qui ont finalement mal conseillé, voire facilité l’aggravation de la maladie. Alors faites attention à la personne que vous choisissez de consulter lorsque vous êtes prêt à vous lancer. Et n’oubliez pas que les soins à distance se développent de plus en plus si vous ne trouvez personne près de chez vous.

Aude Réhault