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Comment guérir d’anorexie – boulimie ? Un livre pour construire sa trajectoire de soin.

Après l’association La Note Bleue, créer un cabinet de soin spécialisé dans les troubles des conduites alimentaires a été une première étape face aux demandes innombrables ; écrire un livre, pour permettre à ceux qui sont perdus d’être leader de leur soin était une nécessité ; l’explosion des demandes après les confinements COVID en a propulsé l’évidence. Ce sont 15 ans de pratique, d’écoute et d’accompagnement qui m’ont amené à écrire et à partager avec tous ceux que cela pourrait intéresser : patients, famille, proches et soignants.

Ces maladies sont les plus mortelles des maladies psychiatriques. Et je ne parle pas que des personnes dénutries. Il y a aussi beaucoup de personnes à poids normal ou à poids « normalisé », que les vomissements ou le suicide peut emporter. L’anorexie et la boulimie peuvent être invisibles. Mais cela n’enlève pas l’immensité de la souffrance intérieure. Et pourtant trouver des soins relève du parcours du combattant. Il devient urgent de donner les clés essentielles d’un traitement global, afin de permettre aux personnes concernées d’organiser eux-même leur trajectoire, à défaut de structure pluridisciplinaire spécialisée.

Ce livre décrit l’anorexie et la boulimie sous le regard du vécu corporel, psychologique et diététique. Il explique comment faire pour organiser son suivi lorsque l’on n’est pas concerné par une hospitalisation. Il raconte une partie de l’histoire de soin de 3 personnes. Et il reprend plusieurs questionnements récurrents que l’on peut entendre en cabinet ou ailleurs.

Les pouvoirs du cerveau dans la guérison d’un TCA

Quelques lignes pour faire le lien entre les soins aux TCA et les pouvoirs de guérison du cerveau évoqués dans l’ouvrage de Norman Doidge

Comment le cerveau fonctionne-t-il ? Qu’est-ce que la plasticité cérébrale ?

Si une activité est répétée, les liaisons entre neurones qui s’y rapportent s’intensifient et nous rendent plus efficaces alors qu’à l’inverse, cesser de pratiquer une activité sur une période assez longue affaiblit ces connexions neuronales : ce principe ouvre de nombreuses pistes de soin !

Comment soigner à partir de ce principe de neuroplasticité ?

Par exemple, en « détruisant des connexions nuisibles » selon l’expression de N. Doidge, comme celles liées aux comportements boulimiques associés à des émotions particulières.

Ce psychiatre américain prend justement l’exemple d’ «une personne qui éprouve le besoin de manger chaque fois qu’elle se sent perturbée émotionnellement. Parce qu’elle a associé nourriture et diminution de la douleur psychique, il lui faudra apprendre à les dissocier si elle veut se débarrasser de cette habitude*.» Mais là, cette dissociation pourra s’appuyer et même se pérenniser par la neuroplasticité, avec l’affaiblissement progressif des connexions nuisibles et le renforcement des nouvelles connexions positives, celles des comportements qui viennent peu à peu remplacer les crises de boulimie.

Une autre piste de soin pour changer la perception de son corps :

« La carte cérébrale « d’exploitation  » de notre image corporelle est le produit de la combinaison de multiples cartes : les premières cartes biologiques fondées sur les données sensorielles de notre corps et les cartes créées de toutes pièces à partir de notre reflet dans le miroir, d’une jolie photo de nous-même, voire d’une image médicale comme une radiographie… tout ce qui peut être considéré comme une représentation de soi finit par se tracer un chemin dans la carte d’exploitation du corps imaginaire »* A fortiori, toutes les activités corporelles, sports et activités dites de conscience corporelle (yoga, Taï chi chuan…) apportent de multiples informations sensorielles qui contribuent à remodeler cette image de soi mentale et réduire ainsi la distorsion entre perception du corps et réalité.

Ces pistes se retrouvent au cœur du soin en psychomotricité face aux TCA !

En effet, le soin en psychomotricité propose toutes sortes de médiations corporelles qui vont :

– contribuer à nourrir le cerveau en informations sensorielles participant à la représentation du corps et ainsi aider à sortir de la dysmorphophobie**,

– proposer des outils corporels adaptés à chaque personne pour répondre aux émotions autrement que par l’aliment, des exercices qui viennent construire par la répétition de nouveaux circuits cérébraux qui ne soient plus nuisibles…

* Extraits de Guérir grâce à la neuroplasticité

**Trouble de la perception du corps (Cf. https://association-lanotebleue.fr/les-troubles-de-la-perception-du-corps-petite-explication/)

Blanche Augarde-Dollé

Psychomotricienne

L’ère de la psychiatrie s’étend à la neurologie!

Nous savons aujourd’hui grâce à la neuro-imagerie que le cortex préfontal dorsolatéral (DLPFC) bénéficie d’un rôle clé dans l’élaboration des fonctions exécutives (planification, organisation, élaboration de stratégies…) et que cette zone est impliquée dans certains troubles psychiatriques. La rTMS (stimulation magnétique transcrânienne à répétition) vient répondre à cette problématique en émettant un champs magnétique sur cette zone du cerveau afin de modifier l’activité électriques des neurones (pour en savoir plus sur la technique, cliquez ici ).

Si la rTMS est aujourd’hui reconnue comme un traitement pour la dépression de seconde intention aux Etats-Unis, elle a également montré une efficacité dans les troubles des comportements alimentaires.

Aussi, le nombre d’études impliquant la rTMS et les troubles du comportement alimentaire ne cesse d’augmenter depuis les années 2000. Et pour cause, les troubles du comportement alimentaire touchent jusqu’à 3 % de la population française et de nombreux traitements et thérapies restent inefficaces. L’exemple de l’étude de McClelland en 2016 est une réussite. Elle prédit qu’une séance de rTMS permet de réduire de manière convaincante les symptômes de l’anorexie (diminution de la sensation d’être gros, de l’urgence de se restreindre) et améliore les prises de décisions prudente en augmentant le contrôle cognitif par rapport à un groupe placebo n’ayant pas bénéficié de rTMS.

A notre échelle, au Centre SOS-Anor, une étude réalisée en 2017 a montré que sur 26 patients souffrant de boulimie, la SMT a eu un effet (très important chez 25 à 30 % et important chez 30 %) sur le nombre de crise de boulimie, sur le sommeil, sur les ruminations alimentaires et sur l’anxiété.

C’est encourageant !

Myriam Cordelle, Psychologue Clinicienne